Les partis d’opposition en Italie, sceptiques depuis le début sur l’opportunité d’un contrat de cybersécurité entre Rome et la société SpaceX d’Elon Musk, ont renouvelé lundi leur opposition après les déclarations du milliardaire sur ses satellites Starlink en Ukraine. «Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas un partenaire fiable», a ainsi affirmé lundi Carlo Calenda, chef du parti centriste Azione (…) reflétant les opinions exprimées ce week-end entre autres par le Parti démocrate (PD, centre gauche), principale formation d’opposition. Elon Musk, conseiller spécial de Donald Trump, a fait ce week-end des déclarations contradictoires sur l’accès ukrainien à son réseau Starlink, semblant menacer de le suspendre avant de revenir en arrière. «Comment Giorgia Meloni peut-elle confier les clés de la sécurité nationale italienne à Musk après avoir entendu ses dernières déclarations très graves?», s’est insurgée dimanche la cheffe du PD Elly Schlein. Giorgia Meloni avait reconnu début janvier que «SpaceX a présenté au gouvernement une technologie permettant de communiquer en sécurité au niveau national mais surtout au niveau planétaire». La perspective de ce contrat avait provoqué une levée de boucliers dans l’opposition, alors que Mme Meloni avait affirmé entretenir «d’excellentes relations» avec Musk, selon elle «un génie» et «un innovateur extraordinaire qui a toujours le regard tourné vers l’avenir». Le 9 janvier, Mme Meloni avait aussi assuré qu’il n’y avait «pas de solutions alternatives» à SpaceX. La directrice générale de l’opérateur européen de satellites Eutelsat, Eva Berneke, a pourtant indiqué jeudi dans un entretien à Bloomberg que des pourparlers étaient en cours avec Rome: «Nous sommes en discussions avec eux parce qu’actuellement seuls Starlink et nous avons des constellations en basse orbite, aussi le choix n’est pas énorme».
Outre les partis d’opposition, un contrat avec Musk suscite selon les médias italiens les réticences du président de la République Sergio Mattarella, qui en novembre avait recadré sèchement Elon Musk après ses critiques contre les magistrats italiens, accusés de faire obstruction à la politique migratoire de Mme Meloni. Bien que disposant de pouvoirs essentiellement honorifiques, le président italien a une forte autorité morale dans la péninsule.
Signe que son opinion pèse, Elon Musk a écrit samedi sur X que «ce serait un honneur de parler avec le président Mattarella». Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, fan inconditionnel de Donald Trump et chef de de la Ligue souverainiste en perte de vitesse, a pour sa part affirmé dimanche que Rome aurait «intérêt à signer dès demain matin un accord avec Starlink». Et d’ajouter: «je n’ai aucune envie ou intention de me mettre entre le mains des Français» d’Eutelsat.