Les vidéos en direct des anonymes pourraient révolutionner les télés traditionnelles

350

Le succès fulgurant d’outils comme Periscope, Younow ou Streamup, qui permettent à chacun de filmer et diffuser ce qu’il vit en temps réel, pourrait révolutionner les télés traditionnelles, selon les professionnels réunis au marché international des programmes à Cannes. Plus qu’un documentaire ou un reportage, ces images brutes semblent à leurs fans plus vraies, justement par leur côté amateur. C’est ce qu’a constaté le jeune Français Rémy Buisine, 25 ans, qui a filmé et diffusé en direct un mouvement de contestation sociale de jeunes à Paris, baptisé «Nuits debout»: des milliers de personnes sont restées rivées des heures à leur écran. «Beaucoup de gens critiquent les chaînes d’information, notamment celles en continu. Certains partagent même mes vidéos en disant: «voilà ce que les médias ne vous montreront pas», comme si l’objectif des chaînes de télé était de manipuler ou d’orienter l’information», a raconté le jeune homme lundi au site d’information français Rue89. Le succès de ces images en direct, qui se multiplient sur internet, doivent faire réfléchir les télévisions traditionnelles, dont l’audience baisse dans le monde, a commenté à Cannes le patron de Streamup, l’une des plateformes de direct les plus utilisées. «Car beaucoup des formats télé ou internet habituels pourraient être réalisés en live», a-t-il remarqué: «les caméras cachées, la téléréalité, les tutoriels beautés… On revient aux débuts de la télévision!», a-t-il jugé. «Le direct est une nouvelle étape dans l’audiovisuel, après celle d’internet». Flairant le filon, tous les grands acteurs du net s’y mettent. Periscope, propriété de Twitter, a conquis plus de 10 millions d’utilisateurs, qui ont tourné plus de 200 millions de vidéos. Chaque jour, l’équivalent de 110 ans de vidéo en direct sont regardées sur Periscope. On peut même maintenant «connecter une caméra GoPro et la piloter à distance», a expliqué Dan Biddle, responsable des partenariats vidéo de Twitter UK.  Amazon s’est développée sur ce créneau avec sa plateforme Twitch, au départ dédiée aux jeux vidéo et qui, depuis, se diversifie. Les internautes l’utilisent pour filmer des évenements et Amazon vient de lancer une émission de mode en direct, «Style Code Live» à raison de 30’ par jour, et une chaîne de cuisine. De son côté, Facebook a annoncé ce mercredi une amélioration de son service «Live», justement pour développer l’usage des vidéos filmées par smartphone et diffusées en direct. Ses utilisateurs pourront voir, sur un espace dédié aux «live», les vidéos en direct les plus populaires, les rechercher par thèmes, les signaler à leurs amis. Les auteurs pourront partager leurs vidéos soit avec leurs amis, soit avec tout le monde.

Google prépare sa riposte avec une appli analogue pour YouTube, «YouTube Connect» qui, selon la presse américaine, sera lancée en mai. Autre gros acteur de ce secteur émergent, la plateforme américaine StreamUp, qui revendique 20 millions d’utilisateurs par mois et «2 fois plus d’audience que Periscope et 3 fois plus que Younow». Beaucoup de ces plateformes ne gagnent guère d’argent, même si elles commencent à envisager des modèles de sponsoring ou de partenariats. Ainsi Streamup et Twitch permettent aux internautes de donner des «pourboires»: les «streameurs» les plus populaires touchent environ 250 dollars par heure, selon le président de Streamup.  Autre modèle de sponsoring, des accords avec des télés: Twitter a passé des accords avec des émissions comme «The Voice» pour que les stars parlent dans les coulisses sur Periscope. Si des célébrités utilisent Periscope pour montrer un peu de leur «vrai vie» à leurs fans, la vidéo en direct donne aussi à voir d’étonnantes tranches de vie. Sur Younow, autre service de vidéo en direct très populaire chez les jeunes, des ados ont pris l’habitude de filmer en direct leur quotidien le plus banal.