A l’image d’un film catastrophe, les incendies de Los Angeles constituent un nouveau coup dur pour Hollywood et son industrie du cinéma déjà en difficulté. Des acteurs, scénaristes et producteurs ont vu leur logement détruit par les flammes, des productions cinématographiques et télévisuelles sont temporairement suspendues et des appels se multiplient pour y annuler la saison des remises de prix. Tout cela, alors que le secteur du divertissement se trouve déjà dans une mauvaise passe, en raison des coûts élevés poussant les professionnels à délaisser la ville. Avant cela, Los Angeles avait souffert de la pandémie de Covid-19 et de la grève des acteurs et scénaristes. «Hollywood, comme tout le monde, a été touché par la pandémie avec de graves conséquences. Les grèves, évidemment, ont touché le secteur, probablement pour toujours», analyse Marc Malkin, rédacteur en chef pour le magazine «Variety». «Ajoutez à cela les incendies et Hollywood est simplement touché encore et encore». Des acteurs vedettes comme Anthony Hopkins, Mel Gibson et Billy Crystal ont perdu leur maison lors des incendies de la semaine passée. Des milliers de logements ont été détruits à Los Angeles, où résident quelque 680.000 professionnels de l’industrie du divertissement ou du secteur des services directement en soutien de celle-ci. Les séries «Grey’s Anatomy», «NCIS», «Hacks» et «Fallout» comptent parmi au moins une dizaine de productions télévisuelles locales ayant dû interrompre leur tournage en raison des incendies. Burbank et d’autres pans de la ville abritant d’importants studios ont été menacés par les flammes, mais sont jusqu’à présent épargnés. Film LA, qui octroie les permis de tournage en extérieur, a dit aux producteurs travaillant dans les zones d’évacuation ou aux alentours de s’attendre à voir leurs autorisations annulées. De même, l’organisation a mis en garde contre une pénurie de responsables de la sécurité intervenant sur les productions hollywoodiennes. La fumée dense et les particules en suspension du fait des incendies sont aussi un frein à la reprise des tournages, même hors de Los Angeles. En dehors des questions d’ordre logistique, les feux font toujours rage dans cette région californienne. Dans ces conditions, rallumer caméras et projecteurs comme si de rien n’était semble délicat. Mais rien ne semble plus sensible que la saison hollywoodienne de remises des prix, faite de premières, galas et cérémonies, que les incendies ont pour l’heure suspendue. La remise des Critics Choice Awards a été reportée, tandis que les présentations de «The Last Showgirl», avec Pamela Anderson, et du biopic sur le chanteur Robbie Williams, «Better Man», ont été annulées en raison des incendies. «Les studios et les diffuseurs adoptent la bonne réponse en annulant ou repoussant les événements pleins de strass et de paillettes», juge M. Malkin. Même l’annonce télévisée des nominations aux Oscars a été repoussée. Jean Smart, actrice principale de «Hacks», milite de son côté pour annuler tout bonnement les remises de récompenses du septième art. «J’espère que chacune des chaînes qui diffusent à la télévision des (cérémonies de remise des) prix à venir va sérieusement envisager de NE PAS les diffuser et de faire don aux victimes des incendies et aux pompiers du chiffre d’affaires qu’elles auraient engrangé», a écrit Jean Smart sur Instagram. Mark Malkin estime toutefois qu’une telle décision pourrait entraîner de graves répercussions pour de nombreux corps de métier tels que les coiffeurs, maquilleurs, serveurs, chauffeurs et agents de sécurité. «Oui, les célébrités iront bien, financièrement», affirme-t-il. «Mais quand vous pensez à tous ces gens qui oeuvrent lors de ces différentes cérémonies de remise de prix, ce sont des travailleurs freelance qui comptent sur ces payes (…) cela aurait un effet dévastateur».