M. ALDUY (France Télévisions) : « Nous allons augmenter progressivement notre catalogue pour atteindre environ 500 films sur france.tv »

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Du 14 au 25 mai 2024, France Télévisions sera aux couleurs du Festival de Cannes avec un dispositif d’envergure et gratuit pour tous. L’occasion pour média+ de faire un point plus global sur l’offre cinéma avec Manuel ALDUY, Directeur du cinéma, des fictions internationales et jeunes adultes chez France Télévisions.

MEDIA +

Comment avez-vous imaginé l’offre cinéma de France Télévisions pendant le Festival de Cannes?

MANUEL ALDUY

Nous couvrons cet événement pour la troisième année consécutive, en tenant compte des enseignements des deux éditions précédentes. 34,9 millions de Français ont suivi notre couverture cannoise en 2023 (VS 28,3 millions en 2022). Cette année, notre objectif est de rendre la programmation encore plus lisible et accessible à tous. Nous continuerons à proposer des films exigeants, y compris des Palmes d’Or des années précédentes, ainsi que des œuvres de réalisateurs comme Xavier Dolan et Quentin Dupieu, sans oublier les «Reflets de Cannes» des années 50 et 60. Néanmoins, nous visons également le grand public qui pourrait découvrir notre contenu que ce soit sur «Télématin», «C à vous» ou en naviguant sur france.tv. Le Festival de Cannes est une opportunité de montrer à un large public la diversité du cinéma qui sera disponible tout au long de l’année sur nos antennes.

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Maintenant que les films sont disponibles sur france.tv, comment évolue la consommation de la plateforme ?

MANUEL ALDUY

On a mis beaucoup de temps à transformer france.tv en raison d’une désynchronisation entre les films diffusés sur les chaînes linéaires et ceux disponibles sur la plateforme. Avec la généralisation du replay, les téléspectateurs qui manquaient un film à la télévision ont progressivement pris l’habitude de le retrouver sur france.tv. Sur cette plateforme, ils trouvent alors des films qui sont liés par des thèmes ou des esthétiques similaires. C’est finalement la généralisation du replay qui nous permet d’avoir une offre plus cohérente et plus lisible sur la plateforme. 17,5 millions de vidéos ont été vues sur la plateforme en 2023 (+15% VS 2022).

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Quelle est la flexibilité autour des droits du cinéma ?

MANUEL ALDUY

Premièrement, nous généralisons le replay pour tous les films, y compris les longs métrages américains. Deuxièmement, nous avons prolongé la disponibilité du replay de 7 à 30 jours pour certains films, notamment français ou européens, pour qu’ils bénéficient d’une diffusion prolongée. Troisièmement, en dehors du replay, nous avons enrichi notre catalogue cinema en VOD gratuite. Cette offre est comparable à celle de nos confrères et concurrents, incluant une variété de cinéma américain, asiatique, français… et de tous les styles. Nous restons modestes dans notre approche, préférant la métaphore d’un «café gourmand»: nous offrons un peu de tout mais sans excès. Notre but est d’éveiller la curiosité et le goût du public. Si le spectateur découvre et apprécie une cinématographie qui lui est inconnue, il aura ensuite la possibilité de l’explorer davantage grâce à des services payants comme CANAL+ ou des plateformes spécialisées comme LaCinetek, FilmoTV, ou UniverCiné. Notre mission principale reste la découverte et le rattrapage.

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Résultat : pas plus de 350 films par saison sur france.tv ?

MANUEL ALDUY

Oui, mais nous allons augmenter progressivement notre catalogue pour atteindre environ 500 films sur france.tv. Au total, nous offrons environ 500 films en combinant les diffusions sur les chaînes et la plateforme. A un instant T, on tourne à 80 films disponibles. Pendant le Festival de Cannes, ce nombre monte à une centaine. Certes, cela reste bien inférieur aux milliers de films proposés sur les plateformes payantes, mais notre offre est conçue pour être complémentaire, se concentrant sur la facilité d’accès et la découverte, plutôt que sur la quantité massive.

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Avez-vous le même public sur france.tv que sur le linéaire ?

MANUEL ALDUY

Les consommateurs de la plateforme sont en moyenne 15 ans plus jeunes que le public de la télévision. Toutefois, pour ce qui est du cinéma, c’est un peu moins vrai. L’âge moyen des utilisateurs est autour de 52 ans sur notre service. Je profite de cette réponse pour pointer du doigt le gros manque de transparence des plateformes qui distribuent france.tv, en ce qui concerne les données sur la consommation de nos contenus. On connaît très bien notre public sur l’OTT et les opérateurs qui nous distribuent, mais les autres partenaires distributeurs tiers sont moins ouverts sur les statistiques de consommation. Ils ont accès à nos films et pourtant, ils ne partagent pas la data avec nous… On attend de Médiamétrie qu’ils prévoient de mesurer ces audiences. De plus, il devient urgent que le CNC mette en place un baromètre spécifique pour la VOD gratuite de cinéma afin de mieux comprendre les comportements collectifs des consommateurs.

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Un mot sur vos cases cinéma ?

MANUEL ALDUY

Chaque mois, environ 25 millions de téléspectateurs regardent un film sur France Télévisions, qui propose cinq créneaux hebdomadaires distincts et complémentaires. Grâce à nos équipes de programmation, nous offrons des rendez-vous de Prime Time adaptés à chacune de nos quatre chaînes, chacune visant des tailles d’audience, des objectifs et des publics différents. France 2 dispose de la grande case du dimanche soir, qui vise un public large et populaire. France 3, avec sa programmation du lundi soir, s’adresse à un public plus âgé et met l’accent sur des thématiques territoriales. France 5 se concentre sur le cinéma de patrimoine, attirant environ 700 000 téléspectateurs avec des films classiques et historiques. Sur Culturebox, nous explorons le cinéma d’auteur et d’art et essai, incluant des films d’animation japonaise. Enfin, le cinéma de minuit continue d’être une tradition sur France 3.

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Combien de films coproduisez-vous chaque année ?

MANUEL ALDUY

Entre France 2 Cinéma, France 3 Cinéma et France Télévisions, nous avons coproduit l’an dernier 64 films pour un investissement total de 63 M€. Ces films ont attiré 28 millions de spectateurs en salles. Notre ligne éditoriale repose sur quatre piliers principaux : le cinéma d’auteur, le cinéma populaire, les films destinés aux jeunes publics et les films à thème sociétal. L’année dernière, nous avons notamment soutenu 22 premiers films, soulignant notre engagement à encourager les nouveaux talents.