M. et R. KING (The Good Fight) : «On écrit uniquement sur les sujets qui nous intéressent»

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Michelle et Robert KING, Scénaristes et Producteurs de séries TV

Reconnus pour avoir créé les séries «The Good Wife», «The Good Fight» ou encore «Braindead», les scénaristes et producteurs Michelle et Robert KING, reviennent pour nous, dans le cadre du Festival de Télévision de Monte-Carlo, sur les contours de leur carrière. Rencontre.

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Chacune de vos séries s’emploie à mettre en valeur une figure féminine avec de la poigne. Est-ce un choix délibéré pour marquer votre différence sur le marché des séries ?

Michelle KING 

On essaie de ne pas trop se différencier des autres productions. Nous voulons juste être fascinés par les personnages que nous construisons. Nous écrivons sur les sujets qui nous intéressent. Cela peut paraître scénique, mais il est plus facile d’avoir une actrice qu’un acteur de renom. Sur «The Good Fight» diffusée actuellement sur la plateforme CBS All Access, on savait qu’il allait être question de la comédienne Christine Baranski. L’une des choses qui nous plaît est d’avoir un personnage de 65 ans, et d’écrire les contours de sa vie amoureuse, professionnelle et privée.

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En tant que mari et femme, comment travaillez-vous ensemble ?

Robert KING

Nous construisons les histoires et nous trouvons les idées ensemble. Nous discutons en permanence avec nos 7 scénaristes et on commence la rédaction du scénario autour d’une table. Ma femme s’occupe de la production, des tenues et moi un peu de la réalisation. On peut parler de notre travail aussi bien à la maison qu’au bureau. Le seul problème, c’est qu’on ne peut jamais quitter le travail. Parfois, les personnages nous semblent très réels.

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Entre «The Good Wife» et «The Good Fight», quelle différence marquez-vous sur l’écriture ?

Michelle KING 

Il est plus difficile d’écrire une saison à 23 épisodes comme sur «The Good Wife». En revanche, on dispose de plus de temps d’écriture, un jour supplémentaire de tournage et de montage. Ça réduit un peu la tension d’être toujours sur ses gardes.

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Vos séries livrent une radiographie coriace des arcanes du pouvoir. Vos productions sont-elles un bon moyen de dénoncer certaines choses ?

Robert KING 

C’est un divertissement avant tout. On veut faire rire, pleurer et ressentir des choses. La politique est une manière de le faire. On ne peut pas être donneur de leçons ou prêcher quoi que ce soit. Si on peut convaincre quelqu’un que l’immigration devrait être plus ouverte, tant mieux. Mais il serait prétentieux de dire que nous pouvons influencer quiconque avec notre série. Nous voulons utiliser ces différents outils pour distraire les gens et éventuellement les faire cogiter. Quand nous avons débuté la 2ème saison de «The Good Fight», nous ne savions pas qu’elle allait être aussi politique. On s’était mis d’accord avec Michelle pour ne jamais évoquer le nom de Trump.

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La série «The Good Fight» est diffusée sur la plateforme digitale CBS All Access. Etait-ce frustrant de ne pas être programmé sur une chaîne ?

Robert KING 

La déception n’était que vis-à-vis du public. Il y a naturellement moins de personnes qui regardent. Avec «The Good Wife», nous réunissions 10 à 12 millions de téléspectateurs chaque semaine. Les gens pouvaient se mettre autour de la machine à café et en parler. Avec «The Good Fight», on s’adresse à un public plus restreint. Paradoxalement, on vise un plus large public au Royaume-Uni qu’aux États-Unis avec une diffusion sur Channel 4.