M6 consacre sa soirée de mardi au «dragon boat» 

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Pagayer pour se remettre d’un cancer du sein: des milliers de femmes touchées par cette maladie ont trouvé dans le «dragon boat», un sport nautique proche de l’aviron, un moyen de rebondir, un phénomène auquel M6 va consacrer sa soirée mardi. Parler du cancer en première partie de soirée sur une chaîne nationale, «c’est un challenge et un tour de force», explique lors d’une conférence de presse Stéphanie Pillonca, réalisatrice du téléfilm «Le Souffle du dragon». Diffusé à l’occasion de l’opération «Octobre Rose», mois de sensibilisation à la maladie, il s’inspire de l’histoire des premières pratiquantes françaises de ce sport ancestral chinois, conseillé comme activité physique après un cancer du sein. Tout comme l’escrime, cette discipline, qui stimule le drainage naturel du haut du corps, est indiquée pour prévenir le lymphoedème du bras, soit un gonflement chronique de ce membre, une complication courante après un cancer du sein. Le défi est d’»aborder des sujets lourds en essayant d’apaiser et de communiquer sans effrayer», développe la cinéaste qui a déjà traité sur le petit écran de la trisomie 21 («Apprendre à t’aimer», «J’irai au bout de mes rêves»), du handicap («Handigang») et de l’adoption dans un documentaire («C’est toi que j’attendais»). Son parti pris cette fois a été de montrer comment des femmes traitées d’un cancer du sein se reconstruisent moralement et physiquement par le dragon boat, qui consiste à pagayer en équipe et à l’unisson sur une embarcation, proche de la pirogue, parfois ornée d’une tête de dragon. Pour les incarner, la réalisatrice s’est entourée d’actrices comme Julie de Bona, Julie Gayet, Bérengère Krief ou Firmine Richard mais aussi d’authentiques «dragon ladies», comme Claire Fiaschi, présidente de «Ensemble, pour elles», premier équipage français de dragon boat créé fin 2008 à Reims. 

Un souffle commun : Associer cancer et mort, «c’est un raccourci dévastateur», estime Mme Fiaschi, également conseillère sur le téléfilm et protagoniste d’un documentaire consacré au parcours de «dragons ladies», diffusé en deuxième partie de soirée. «Il y a encore beaucoup de décès mais il y a plus de survivants que de morts» en particulier parmi les personnes touchées par le cancer du sein, souligne-t-elle. Après le diagnostic, le taux de survie nette à cinq ans est de 87%, selon l’Institut national du cancer, qui a recensé en 2018 12.100 décès liés à cette maladie et 58.500 nouveaux cas. «Il y a une vie après», soutient Claire Fiaschi, qui a trouvé dans le dragon boat «une grande famille», où l’on accueille «sans aucun jugement» et sans obligation de performance. Le dragon boat «nous oblige à nous redresser», ajoute-t-elle, «parce que souvent quand vous êtes opérée, pour peu qu’on vous ait enlevé le sein, vous vous repliez sur vous-même». Pour Carole David, créer en 2016 l’équipe des «Dragons ladies de Paris» via l’association «Phoenix & dragons», «ça a été ma résilience à moi», confie-t-elle. Celle-ci, alors en cure post-traitement, se fixe pour but de participer à la «Vogalonga» -une course annuelle d’une trentaine de kilomètres à Venise dédiée aux embarcations à rame- après avoir vu ce défi sportif relevé dans le documentaire «Nous irons à Venise» par les dragons ladies rémoises. Quelques mois plus tard, elle réussira son pari accompagnée d’une dizaine de femmes et sous la houlette d’un coach, qui, encore aujourd’hui continue à les entraîner chaque samedi matin avec, pour «cerise sur le gâteau», la course annuelle à Venise au printemps.