Tiré à 4 épingles dans son costume de commissaire Becker, Yvon Back se prépare à une nouvelle longue journée de tournage du feuilleton quotidien «Un si grand soleil» dans le vaste studio de France Télévisions près de Montpellier. Après un passage rapide au maquillage, l’acteur de 63 ans rejoint le décor de commissariat sur l’un des 4 plateaux de tournage des Studios V à Vendargues, où la série est réalisée depuis 2018. A l’époque, France Télévisions cherchait un territoire pour, à la fois, produire sa nouvelle fiction quotidienne et y ancrer ses intrigues, mêlant enquêtes policières et démêlés sentimentaux. Pari d’audience gagné. «Un si grand soleil», diffusée d’abord sur France 2 et depuis l’an dernier sur France 3, en est à sa 7ème saison et est la «1ère série quotidienne de France». Chaque nouvel épisode diffusé rassemble quelque 2,9 millions de spectateurs. Un succès pas uniquement dû aux «300 jours de soleil par an» et aux paysages grandioses vantés par les dépliants touristiques. En une dizaine d’années, la région montpelliéraine a vu se développer un secteur audiovisuel quasi-industriel. Pour «mettre en boîte» chaque année 260 épisodes de 22’, «il faut travailler en flux tendu», explique le producteur exécutif de la série, Olivier Roelens. A lui seul, «Un si grand soleil» a généré «plus de 63.000 journées de travail, pour plus de 2.500 salariés, dont 55 comédiens recrutés localement sur un total de 200», selon France Télévisions. Chaque jour, quelque 250 personnes (figurants, comédiens, réalisateurs, maquilleurs, techniciens, monteurs, spécialistes des effets spéciaux…) s’activent dans le hangar de 16.000 m2 où ont été installés studios, bureaux, salles de post-production, loges et autres locaux techniques, dont une grande menuiserie et une énorme réserve de milliers d’accessoires et de costumes. Si l’activité se concentre principalement sur USGS, les moyens développés à Vendargues par france.tv studio, filiale commerciale du groupe public, accueillent aussi des productions extérieures. La chaîne privée M6 a ainsi choisi d’y tourner la partie plateau de son futur feuilleton quotidien, attendu dans les prochains mois. Et France Télévisions n’a pas fini d’investir à Vendargues, où 4 nouveaux plateaux de tournage sont en construction, avec l’aide du plan public d’investissement France 2030. Le groupe veut y accueillir «tous les types de projets créatifs: longs-métrages, fictions, documentaires, jeux vidéos, clips musicaux, divertissements avec un public venant de toute la France», souligne Laurence Schwob, la directrice du développement de france.tv studio. Désormais, «si «Un si grand soleil» devait s’arrêter, Montpellier y survivrait», assure Jean-Michel Giraud, directeur du pôle attractivité de la métropole de Montpellier, qui estime que les ICC (cinéma, images animées, audiovisuel, jeux vidéos) représentent sur son territoire quelque 3.500 emplois. «En 2010, il y avait 90 jours de tournage par an, aujourd’hui nous sommes à plus de 1.000 jours», relève Sophie Menanteau, responsable cinéma, audiovisuel et création numérique à la métropole. «Le Comte de Monte-Cristo», carton de 2024, a d’ailleurs été en partie tourné au château de l’Engarran à Lavérune, à l’ouest de Montpellier. Sophie Menanteau souligne aussi le rôle de catalyseur joué par la présence sur le territoire d’écoles formant aux effets spéciaux et à l’animation, comme l’ESMA et ARTFX, et de studios de jeux vidéo, comme le géant français Ubisoft. Le secteur privé n’est pas en reste. 2027 devrait voir le démarrage des activités de Pics Studio, complexe de 10 plateaux de tournage qui sortira de terre à Saint-Gély-du-Fesc, au pied du Pic Saint-Loup, l’un des plus beaux décors naturels du sud de la France. «On aura des espaces de tournage, dedans et dehors, qui sont les meilleurs» et «un campus qui va former des professionnels et densifier l’écosystème», se réjouit Benoit Ruiz, l’un des dirigeants de Pics Studio.

































