National Geographic/ Galaxie Presse: le navigateur Loïck Peyron sur les traces de l’Amoco Cadiz dans un documentaire

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«Avons-nous tiré les leçons de l’Amoco Cadiz?»: dans un documentaire diffusé vendredi sur National Geographic, le navigateur Loïck Peyron tente de comprendre, 40 ans après, les conséquences de l’une des pires marées noires de l’histoire.
Grâce à une reconstitution notamment en image 3D, le film raconte les heures qui ont mené au naufrage du supertanker libérien ce 16 mars 1978: une tempête qui fait rage, un gouvernail qui se bloque en raison d’un problème hydraulique, un câble de remorquage qui se brise. Et puis «c’est le choc», le navire chargé de 227.000 tonnes de brut heurte les récifs et se brise juste devant le petit port finistérien de Portsall. «J’en ai encore des coups au coeur, j’ai vraiment eu l’impression qu’on avait tué mon pays», commente Marie, une habitante du village qui amène Loïck Peyron découvrir l’ancre géante du pétrolier scellée en bord de mer.
Des oiseaux qui se débattent dans un magma gluant et des vagues noires qui déferlent sur les plages: des vidéos d’archives viennent rappeler l’ampleur de la catastrophe qui a souillé quelque 360 km de côtes.
A bord d’un avion de la Marine nationale qui surveille une route maritime particulièrement fréquentée ou avec l’équipage de l’Abeille Bourbon, remorqueur d’intervention et de sauvetage, Loïck Peyron passe également en revue les mesures mises en place depuis le naufrage. «Il y a un arsenal politique, technologique, technique et humain qui fait que théoriquement aujourd’hui, un Amoco, ça n’arriverait plus», a-t-il indiqué sur le tournage du film il y a quelques mois.
Le marin, qui avait 18 ans à l’époque, a accepté d’être le fil rouge de ce premier documentaire franco-français produit pour la chaîne américaine notamment parce que son père était capitaine de pétrolier. «Il nous annonçait déjà depuis pas mal d’années des catastrophes éventuelles», a-t-il expliqué. Mais cette catastrophe résonnait aussi avec une autre qui le touchait de près: le naufrage en 1999 du pétrolier Erika, qui frappe chez lui, au Pouliguen (Loire-Atlantique).
«L’odeur en pleine nuit, le silence absolu parce qu’il n’y a plus rien (…), plus d’oiseaux, plus aucune vie. Brutalement. Comme ça. C’est une chape de mort qui s’installe. Ca m’a permis d’imaginer vraiment et de visualiser ce que m’ont raconté tous ces témoins», a-t-il indiqué. Mais si dans le documentaire il se dit en partie «rassuré» quant aux risques d’une marée noire similaire, l’habitué des tours du monde à la voile pointe du doigt d’autres menaces pour les océans: les porte-conteneurs transportant des produits toxiques et surtout les plastiques, «dérivés du pétrole extrêmement néfastes».
«Que le désastre de l’Amoco Cadiz nous serve au moins de leçon (…). N’attendons pas d’avoir saccagé les océans avant d’agir», conclut le navigateur dont la voix off accompagne les 44 minutes de ce film, «Amoco Cadiz: la marée noire du siècle», produit par Galaxie Presse.