Nice-Matin: l’intersyndicale, inquiète, appelle son nouvel actionnaire Xavier Niel au respect de ses engagements

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Le personnel du groupe de presse Nice-Matin a appelé son nouvel actionnaire Xavier Niel au respect de ses engagements «sur les moyens» pour développer les trois éditions du journal, dans un communiqué intersyndical avant un comité économique et social (CSE) extraordinaire prévu vendredi.
«Plan stratégique: NJJ doit respecter son engagement sur les moyens», souligne ce texte signé des syndicats Filpac-CGT, SNJ, CFDT, CFE-CGC et FO, dans lequel le personnel ne cache pas ses inquiétudes envers NJJ, la holding personnelle de M. Niel, et son administrateur Anthony Maarek.
«Jamais, dans le projet 75 présenté par Anthony Maarek et adopté par le tribunal de commerce, il n’a été question de fermer des agences et de sacrifier des éditions locales. Bien au contraire, NJJ promettait de mettre les moyens pour développer au moins quatre éditions supplémentaires», souligne l’intersyndicale.
Or, selon elle, «des restructurations sont déjà actées», «des CDD nécessaires non renouvelés», et à la rédaction, selon le SNJ, une vingtaine de postes libérés par des journalistes faisant jouer la clause de cession sont en passe de ne pas être remplacés. Le groupe Nice-Matin, acteur clé des médias sur la Côte d’Azur, compte les journaux régionaux «Nice-Matin», «Var-matin» et «Monaco-Matin». «Alors que nous misions sur un actionnaire suffisamment solide pour envisager la pérennité de «Nice-Matin» (…), les premiers signaux envoyés par NJJ laissent présager un recyclage de vieilles recettes: faire toujours plus avec moins», regrette le personnel.
«Quelle confiance peut-on accorder à cette direction dès lors qu’un contrat n’est pas respecté ?», s’émeut-il encore. Selon l’intersyndicale, les semaines de confinement liées à l’épidémie de coronavirus «ont créé un trou d’air dans le chiffre d’affaires, tout en générant des économies».
En revanche, «la bonne tenue des ventes et des audiences web, l’investissement des commerciaux pour conserver le lien avec les annonceurs, ainsi que les retours positifs sur le contenu, montrent la réussite de l’engagement collectif», souligne-t-elle.
Les éditions ont pendant la période été restreintes à deux, au lieu de neuf, et selon l’intersyndicale, des lecteurs s’impatientent, des annonceurs locaux aussi, alors que le prix au numéro a été porté à 1,40 euro (+10 centimes) au 1er juillet. «Nice-Matin» avait été repris en société coopérative d’intérêt collectif (Scic) en 2014 avant de s’adosser à un actionnaire belge dont NJJ a racheté la part de 34% à l’issue d’un bras de fer avec le magnat franco-libanais Iskandar Safa, qui convoitait aussi le groupe.
M. Niel, fondateur d’Iliad (Free), déjà co-actionnaire du Monde, de La Provence, repreneur de France-Antilles et bientôt de Paris Turf, a aussi obtenu de pouvoir racheter les 66% restants, actuellement entre les mains des salariés actionnaires, par un vote en assemblée générale le 13 février. Un plan de 80 départs volontaires étalés jusqu’en 2021 a été mis en place.