Orange: les défis à venir pour la nouvelle directrice générale du géant français des télécoms

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Entre un cours de Bourse à la peine et la révolution des réseaux télécoms à gérer, les défis à relever sont nombreux pour Christel Heydemann, nommée vendredi dernier directrice générale d’Orange pour succéder à Stéphane Richard.

– Revaloriser les activités : Présent dans 26 pays, Orange, qui emploie plus de 140.000 salariés dans le monde dont plus de 80.000 en France, a réalisé un chiffre d’affaires de 42,27 milliards d’euros en 2020. Mais son cours de Bourse est à la peine, les activités ne sont pas valorisées par le marché comme l’espérait la précédente direction et les relais de croissance, hormis l’Afrique et la cybersécurité, sont peu nombreux, malgré une intense stratégie de diversification (banque, énergie…). Parmi les pistes évoquées par les observateurs pour tenter d’y remédier figurent de possibles introductions en Bourse des pépites du groupe comme Orange Cyberdéfense, Totem, la filiale qui détient une partie de ses infrastructures de réseau mobile en France et en Espagne, ou encore Orange Afrique.  

– Evolution des réseaux et arrêt du cuivre : Autre défi stratégique: l’évolution des réseaux télécoms, coeur d’activité du groupe en France. Le réseau 4G doit encore être complété dans les zones peu denses, la 5G en est à ses débuts, et le déploiement de la fibre doit s’achever en 2025. Orange va devoir également gérer la transition de son réseau cuivre, utilisé par le téléphone fixe traditionnel et l’internet ADSL, vers la fibre à l’horizon 2030. Un enjeu économique et social suivi de près par le gouvernement, alors que ce réseau cuivre reste encore la seule source d’accès au réseau téléphonique pour plusieurs millions de Français.  

– Redresser l’Espagne : A l’international, Orange peut s’appuyer sur la zone Afrique et Moyen-Orient comme un moteur de croissance du groupe. Elle a enregistré une croissance de 12% au 3e trimestre 2021 et compte désormais plus de 40 millions de clients 4G, soit 33,6% de plus que l’année dernière. Mais, en Europe, où Orange est présent dans sept pays, le groupe est plombé par l’Espagne, dont le chiffre d’affaires a chuté de 4,4% au 3e trimestre 2021. Au premier semestre 2021, le groupe avait même dû déprécier de 3,7 milliards d’euros ses actifs espagnols. Orange espère retrouver une croissance sur ce marché très concurrentiel en 2022.   

– Maintenir un climat social apaisé: «Globalement, je pars en ayant le sentiment du devoir accompli. L’entreprise est solide et elle a aussi plus de cohésion interne. N’oublions pas qu’en 2010, je suis arrivé dans une entreprise traumatisée», notamment par la série de suicides de salariés de l’ex-France Télécom entre 2008 et 2009, avait déclaré fin janvier Stéphane Richard, lors de l’un de ses derniers déplacements dans le costume de PDG. La capacité de Christel Heydemann, ancienne directrice des ressources humaines chez Alcatel-Lucent, à maintenir un climat social apaisé au sein du groupe sera scrutée de près, surtout en cas d’annonces de réduction des effectifs, actuellement en pleine régénération.Fin décembre, l’entreprise a annoncé la signature d’un nouvel accord intergénérationnel sur 2022-2024 avec trois organisations syndicales, s’engageant notamment à recruter au moins 8.000 personnes en contrat à durée indéterminée en France sur la période, avec «une attention particulière» aux moins de 30 ans. L’accord propose d’autre part aux salariés en fin de carrière un «nouveau dispositif de temps partiel à partir du 1er janvier 2022 et jusqu’au 1er janvier 2023», fondé sur le volontariat.