Plan numérique : équiper les élèves de 5ème en Tablettes

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Que faire des tablettes à la récré? Qui va les assurer? Peut-on les ramener à la maison? Alors que le gouvernement veut équiper massivement les élèves de 5ème, des collèges pionniers ont témoigné de questions pratiques ou techniques, lors du salon Educatec-Educatice cette semaine à Paris. Le plan numérique annoncé par François Hollande prévoit de doter tous les 5ème d’équipements individuels mobiles, type tablettes ou ordinateurs portables, en trois ans à partir de la rentrée 2016, en partenariat avec les départements, responsables de l’équipement des collèges. La subvention de l’Etat atteint 190 euros par élève et 380 euros par enseignant. Il octroie aussi 30 euros par an par élève et professeur pour des ressources pédagogiques numériques et mettra à disposition une banque d’autres ressources complémentaires des manuels scolaires balayant les programmes du CM1 à la 3ème. Si le gouvernement vise 40% des collèges ainsi équipés à la rentrée 2016, l’Assemblée des départements de France (ADF) estime qu’avec les collèges déjà sélectionnés on se situe à 17% et que le chiffre pourrait monter à 20-25%. L’objectif est de favoriser une «transformation en profondeur de la démarche pédagogique, de la culture de l’école», selon Mathieu Jeandron, directeur du numérique à l’Education nationale. La plupart des métiers vont changer, «c’est important que les élèves comprennent le monde de demain, l’information, sachent apprendre par eux-mêmes». Les choses évoluent mais «plus modestement que les discours politiques», estime le site Café pédagogique, organisateur d’une conférence sur les collèges pionniers. Cette année, 220 «collèges préfigurateurs» se sont lancés.

Plein de questions : En Saône-et-Loire, où six établissements expérimentent le plan, «le déploiement s’est fait assez tôt», dans une zone déjà impliquée dans d’autres tests, explique Guillaume Lion, un responsable du numérique à l’académie de Dijon. «Dès octobre, j’ai eu 100% des tablettes», raconte Christophe Bourse, principal du collège Pierre Paul Prud’hon à Cluny. Elles ont été distribuées aux professeurs avant les vacances de la Toussaint et aux 5ème ensuite. Le département a ajouté des casques pour les langues vivantes, des claviers amovibles pour prendre des notes dans certains cours, a doublé le débit internet et le câblage des salles et installé assez de bornes wifi pour «arroser» toutes les classes. Et des personnels techniques ont été mis à disposition des journées entières. Il évoque toutefois quelques problèmes techniques. Les choses avancent moins vite à l’école parisienne Sonia Delaunay, selon le principal Christian Garcia. Comme seule une partie des tablettes est arrivée, il a préféré patienter pour les donner à tous les 5ème simultanément. En attendant, les professeurs expérimentent des applications, «tentent de résoudre des difficultés au fur et à mesure». «On déploie avec les moyens du bord, quelques émetteurs wifi qu’on répartit…» Au collège Romain-Rolland de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), après «une succession d’écueils techniques», les tablettes attendues au premier trimestre sont arrivées… lundi, indique la principale Sylvie Charrière. «Autrement dit, on ne va rien faire» cette année. Outre la réception des tablettes, il reste plein de questions à résoudre: où les ranger pendant la récréation ou la cantine pour qu’il n’y ait pas de casse ? Qui paiera l’assurance ? Que faire si une tablette est déchargée ? L’installation des manuels numériques «n’a pas été une mince affaire», dit M. Lion.