Plusieurs grands acteurs des cryptomonnaies sont reçus par Donald Trump à la Maison Blanche vendredi, l’occasion pour le président américain, accusé de conflits d’intérêt, de redire son soutien sans condition à un secteur qui frétille depuis son élection. Dirigeants et investisseurs seront réunis avec les membres du groupe de travail présidentiel sur les actifs numériques, présidé par le conseiller à l’IA et aux cryptomonnaies, David Sacks. Le chef de l’Etat américain sera l’hôte de ce «sommet crypto», dont l’agenda n’a pas été communiqué, et devrait prononcer une allocution. Hostile aux cryptomonnaies de longue date, Donald Trump a pivoté durant la dernière campagne présidentielle. Il s’est même associé à une nouvelle plateforme d’échanges, World Liberty Financial, puis a lancé, mi-janvier, sa propre devise électronique, le Trump, soulevant des accusations de conflits d’intérêt, d’autant que l’industrie des cryptos avait déjà contribué pour plus de 100 millions de dollars à sa campagne. Avant même l’événement de vendredi, Donald Trump a déjà sensiblement dégagé l’horizon des cryptos. Il a nommé à la tête de l’Autorité de régulation des marchés financiers, la SEC, Paul Atkins, un partisan de ces actifs financiers d’un nouveau genre. Sous sa conduite, la SEC a abandonné les poursuites judiciaires de grands noms comme les plateformes d’échange Coinbase ou Kraken. Elles avaient été lancées sous la présidence de Joe Biden, très critique des monnaies numériques et initiateur de restrictions compliquant la détention de cryptomonnaies par les banques. Elles ont été levées fin janvier avec le retour de Donald Trump. Il avait aussi donné licence à l’ancien patron de la SEC, Gary Gensler, pour mener une politique répressive, malgré l’absence d’un cadre légal clair. Dimanche, à quelques jours de la réunion à la Maison Blanche, Donald Trump a confirmé le projet d’une réserve stratégique de cryptomonnaies, dans laquelle le gouvernement américain verserait ses avoirs en devises numériques, surtout issus de saisies judiciaires. Si ce fonds de réserve américain voyait le jour, «ce serait l’un des messages de soutien les plus importants que l’industrie ait jamais vu», selon Jacob Phillips, de Lombard Finance, société financière spécialisée dans les cryptomonnaies. «Je connais des entrepreneurs et des équipes qui sont revenus aux Etats-Unis, encouragés par le changement d’environnement réglementaire», affirme l’entrepreneur. «Beaucoup de projets qui n’osaient pas parler du fait qu’ils étaient basés aux Etats-Unis le revendiquent fièrement aujourd’hui», confirme Burnt Banksy, de Xion, start-up dédiée à la blockchain, technologie sous-jacente aux cryptomonnaies. Le sommet de vendredi «marque un moment charnière pour l’industrie des actifs numériques», estime Elitsa Taskova, responsable produit de la plateforme de services financiers en cryptomonnaies Nexo. «Les prochaines décisions du gouvernement vont être décisives», a ajouté la dirigeante, qui voit l’équipe Trump «poser les bases d’un cadre favorable à la croissance, plus équitable pour les acteurs vertueux et solidifiant le rôle patrimonial des cryptomonnaies». Il faudra vraisemblablement en passer par le Congrès, où sont coincés plusieurs textes réglementaires présentés ces 2 dernières années. Le renouvellement des 2 chambres lors du dernier scrutin législatif de novembre a redonné de l’élan au mouvement, qui pourrait déboucher dans les mois à venir. Une partie du Congrès demeure néanmoins réticente à dégager le terrain au secteur. Début février, l’élu démocrate à la Chambre des représentants Stephen Lynch a mis en garde contre l’élargissement des services financiers traditionnels aux cryptomonnaies, évoquant un possible «crash». L’épisode récent du vol d’environ 1,5 milliard de dollars sur la plateforme Bybit a, par ailleurs, rappelé les risques que pouvaient présenter les cryptomonnaies.