Il y a cinquante ans, l’ORTF était démantelé et donnait naissance à Radio France. Les antennes du groupe public, dont les audiences sont au firmament, fêtent cet anniversaire jusque mi-janvier. Une centaine de programmes emblématiques tirés des archives seront à écouter à partir du 1er janvier sur l’application Radio France. Et cinq sonores illustrant la curiosité, la liberté ou encore les émotions du demi-siècle passé vont être diffusés sur les stations du groupe public. Cela avait été l’une des premières réformes de Valéry Giscard d’Estaing après l’élection présidentielle de 1974: la suppression d’un symbole du pouvoir gaullien, l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF).
La scission entre télé et radio avait pris effet le 1er janvier 1975. La nouvelle entreprise Radio France avait alors conservé les chaînes historiques France Inter, France Culture, France Musique et Fip, ainsi que les Orchestres, le Choeur et la Maîtrise associés. Radio France n’a perdu le monopole de la radiodiffusion qu’en 1981, sous l’impulsion de François Mitterrand. Présidé par Sibyle Veil, le groupe public compte aujourd’hui quelque 4.600 salariés, répartis entre 7 radios nationales et 44 locales. Selon les derniers chiffres de Médiamétrie, France Inter a établi un nouveau record historique avec 7,20 millions d’auditeurs chaque jour entre septembre et octobre, restant de loin la première radio de France. Et sur la deuxième marche du podium des audiences, la radio d’info continue franceinfo a chassé RTL, qui était leader jusqu’en 2019.
En plein rapprochement agité avec France 3, France Bleu et ses stations locales ont progressé (2,59 millions d’auditeurs, +87.000 en un an), comme France Culture qui a franchi pour la première fois la barre des 2 millions d’auditeurs quotidiens.
Ces solides audiences donnent un point d’appui important à Radio France, alors qu’une réforme de l’audiovisuel public est en suspens. Poussé par la ministre de la Culture Rachida Dati, le projet de holding commune puis de fusion avec notamment France Télévisions a été suspendu par la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été. Il avait fait l’objet de grèves dans la Maison ronde siège de Radio France à Paris, où l’on craint que la radio soit phagocytée par la télé. Certains députés LFI avaient fustigé la perspective d’un retour… de l’ORTF. Maintenue au gouvernement, Mme Dati devrait revenir à la charge, avec a minima le projet de holding.