Radio France a prolongé dans ses nouvelles grilles ses initiatives nées du confinement, en renforçant l’information, la culture et les programmes qui «créent du lien social», et demande un soutien financier de l’Etat face aux lourdes pertes engendrées par la crise sanitaire. «Cette rentrée a un parfum un peu différent mais on la veut encore plus ambitieuse», a affirmé la présidente du groupe public, Sibyle Veil, lors d’une visioconférence. Elle dit vouloir continuer à développer les contenus nés de la crise sanitaire, bâtis autour des valeurs de service public, qui ont marqué les antennes du groupe depuis six mois. Cette rentrée tient compte du fait que «la parenthèse ouverte à la mi-mars n’est pas refermée», a abondé la directrice des antennes Dana Hastier. Cela se traduira par de nouvelles émissions et rendez-vous dédiés à l’information, la santé ou la science, des programmes éducatifs, plus d’interactivité avec les auditeurs sur France Inter, et toujours plus de musique et de culture, dans la lignée des projets développés pendant le confinement. Sur Inter, «ce n’est pas la révolution parce que la chaîne va bien», mais la radio, toujours numéro un devant RTL en nombre d’auditeurs dans la dernière vague de Médiamétrie (mais repassée derrière en pda) propose tout de même des nouveautés pour «coller à l’époque», a indiqué sa directrice Laurence Bloch. Le 13h00 de Bruno Duvic s’étend, l’économiste Thomas Piketty reprend le «débat éco» du vendredi, et de nouvelles femmes rejoignent l’antenne comme l’experte de la sexualité Maïa Mazaurette. Franceinfo, quant à elle, veut faire «fructifier son capital de confiance», selon son patron Vincent Giret, avec un nouveau pôle dédié à la science et la santé, une matinale prolongée jusqu’à 9h30, une déclinaison matinale des «Informés», et l’arrivée de nouvelles voix féminines dont Salhia Brakhlia de «Quotidien». «C’est une rentrée compliquée mais on a mis de l’ambition pour faire un vrai lancement de saison», et répondre aux enjeux du moment, notamment celui de produire «une information scientifique de qualité», a commenté Vincent Giret. Alors que les habitudes des auditeurs ont été bousculées, «ce qui est important pour nous, c’est de retrouver l’écoute de la radio en mobilité», qui s’est effondrée pendant le confinement et n’a pas été complètement compensée par la hausse de l’audience à domicile, ajoute-t-il. France Culture lance elle de nouveaux programmes phares pour redonner de la voix à un secteur culturel asphyxié par le coronavirus, dont «Affaires culturelles» avec Arnaud Laporte et «La salle des machines» avec l’écrivain Mathias Enard, et produit de nouveaux podcasts, son atout inestimable pour toucher un public plus jeune et connecté. Mais cette rentrée s’effectue dans un contexte financier dégradé. Sibyle Veil a précisé que Radio France, qui pourrait subir 20 millions d’euros de pertes cette année en raison du Covid-19, discutait avec l’Etat pour que le service public n’en sorte pas inutilement «affaibli», et se dit très vigilante sur cette question. En outre, après une grève historique cet hiver contre des réductions d’effectifs, elle a rappelé que «les économies décidées avant la crise du Covid sont maintenues par l’Etat», et a réaffirmé qu’«on n’a pas d’autre choix» pour les atteindre «que de le faire en réduisant la masse salariale». D’où la reprise, avec la rentrée, des négociations avec les syndicats pour parvenir à un accord, suspendues depuis la crise sanitaire. Enfin, aux nombreuses incertitudes de cette rentrée pas comme les autres, s’ajoute la crainte de devoir imposer le masque aux présentateurs et invités dès le 1er septembre, date à laquelle il deviendra obligatoire en entreprise. Or, «la radio, c’est un métier de la voix, donc du souffle, et le port du masque a des conséquences», a prévenu Sibyle Veil, qui espère que le gouvernement accordera à l’audiovisuel une «flexibilité» dans l’application de cette règle.