S. DEGENNE (Bonne Pioche) : « Nous allons monter avec France 2 la version théâtrale de «Papy fait de la résistance» »

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Ce mardi 15 décembre, France 2 propose à 21h05 une pièce inédite «Le canard à l’orange» enregistrée au Théâtre de Paris, et produite par Bonne Pioche. L’occasion de parler captation, production et projets avec Sébastien DEGENNE, Producteur.

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Combien de captations Bonne Pioche réalise-t-elle chaque année ?

Sébastien DEGENNE

Lorsque nous avons débuté l’activité «spectacle vivant» il y a deux ans, à Bonne Pioche nous avons produit une quinzaine de captations la première année. En dépit des conditions sanitaires un peu particulières en 2020, nous avons réussi à conserver le même volume de production. Nous avons récemment tourné «Frou Frou les Bains», et «L’Heureux Stratagème», avec Sylvie Testud et Eric Elmosnino pour France Télévisions. Mais aussi «La Moustâche» avec Jean Benguigui pour Comédie+, et «Le Crédit», avec Daniel Russo et Didier Bénureau, pour Paris Première. En 2021, nous avons un gros plan de marche car de nombreuses pièces ont été décalées. C’est le cas par exemple de «Amis» avec Claudia Tagbo et Kad Mérad, que nous avons déjà dû décaler 3 fois déjà depuis mars dernier !

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Avec le confinement, comment vos captations sont-elles impactées ?

Sébastien DEGENNE

En novembre 2020, on a réussi, avec le SPI (Syndicat des Producteurs Indépendants), à intéresser les pouvoirs publics à la captation de spectacles vivants. Ces derniers pensaient que les théâtres captaient eux-mêmes les spectacles… C’est en discutant avec le cabinet de la ministre de la Culture, quelques jours avant le reconfinement, que les lieux de spectacles ont pu rester ouverts pour les préparatifs, les répétitions et … les captations. Ça nous a permis de tourner «Frou-Frou les Bains» et «L’Heureux stratagème», dont les tournées se retrouvaient pour le coup annulées. On a dû remonter ces pièces sur toute une semaine chacune, spécialement pour pouvoir les filmer. Nous avons dû prendre des figurants pour assister aux représentations car ce sont des spectacles qui appellent à beaucoup de rires. Même si nous pouvions faire un travail très fin de montage son, il est compliqué pour les comédiens de jouer dans le bon rythme sans public. En revanche, nous avions prévu de filmer des pièces comme «La collection» (France 5) et «La journée de la jupe» (CultureBox) sans spectateurs car les pièces n’appelaient pas à une interaction très forte. On a pu mettre un travelling sur scène, ce qu’on ne peut pas se permettre d’habitude sur ce type de spectacles, et faire un peu comme si nous étions en studio.

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Peut-on réinventer les captations pour la télévision ?

Sébastien DEGENNE

C’est une belle ambition et en même temps un vœu pieu. Car en réalité, il y a deux façons de filmer un spectacle. La première, c’est de capter du point de vue du spectateur dans la salle pour ne pas trahir la mise en scène de base, destinée à un public assis dans une salle. Cela n’empêche pas de travailler finement les valeurs de plan, le découpage, pour bien raconter l’histoire. La deuxième façon de filmer serait de se rapprocher d’un programme de flux (plans dans les coulisses, extraits de pièces intégrés à une émission, spectacle écrit spécialement pour être filmé,…). Dans cette veine expérimentale, je travaille actuellement sur le projet d’une expérience virtuelle, où nous serions à la place des comédiens sur scène.

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Coût de production et de captation … Quelle est la réalité du marché ? 

Sébastien DEGENNE

Un spectacle dans une grande salle parisienne peut générer entre 300.000 et 500.000 € de coût de montage (décors, costumes, répétitions, …), pris en charge par le producteur du spectacle qui, grâce à la billetterie, va petit à petit se rembourser, et idéalement gagner de l’argent. Quand nous venons filmer une pièce, on arrive à la fin de ce processus. Le coût de captation dépend du type de diffusion, du plateau artistique et du temps de montage. Sur le plan technique, la moyenne est d’environ 100.000 €. Le minimum artistique requis, c’est d’avoir au moins 5 caméras pour 2 représentations sur une journée. Entre le démarrage d’un spectacle et sa captation TV, 2 ans peuvent s’écouler. Après, les chaînes peuvent aussi choisir de s’impliquer dès le départ, ce qui leur donne une plus grande maitrise de leur programmation.

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Avez-vous des projets dans ce sens ?

Sébastien DEGENNE

Oui, nous allons monter au Théâtre de Paris, avec France 2, la version théâtrale de «Papy fait de la résistance», qui était initialement une pièce de théâtre avant son succès au cinéma. Il y aura près de 10 décors, 9 comédiens, et la première est prévue le 2 mars 2021. Nous finalisons actuellement le casting, mais nous avons déjà les 2 rôles principaux : Martin Lamotte, qui jouera «papy», et Catherine Jacob, qui reprend le rôle de Jacqueline Maillan (La Bourdelle). Le défi : ne pas être une pâle copie du film mais offrir un grand spectacle, joyeux et trépidant. Une bouffée de bonne humeur dans cette période difficile. Il y aura une diffusion en direct sur France 2 la première semaine de juin.