S. GENGOUL (France Télévisons) : «En étant un acteur engagé pour les Outre-mer, nous renforçons leur visibilité»

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Hier matin, France Télévisions organisait un petit-déjeuner presse pour présenter «C pas si loin», la nouvelle émission quotidienne de France 5 animée par Karine Bast. Ce magazine de 26’, diffusé du lundi au vendredi, allie société et information à dimension géopolitique, offrant une perspective sur les Outre-mer et leur environnement. Cette rencontre nous a permis d’échanger avec Sylvie GENGOUL, Directrice du pôle Outre-mer de France Télévisions, sur la stratégie globale dédiée aux territoires ultramarins.

MEDIA +
Comment «C pas si loin», votre nouveau magazine quotidien dédié à l’Outre-mer sur France 5, se distingue-t-il des autres programmes de société et d’information déjà existants ?
SYLVIE GENGOUL

Avec Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, nous avons souhaité raconter les Outre-mer autrement – non pas en changeant de cap – mais en approfondissant notre démarche dans une logique de continuité. Nous avons commencé par poser les bases, en établissant un contexte clair pour favoriser une meilleure compréhension des Outre-mer. L’ambition est désormais d’aller plus loin en donnant davantage de profondeur aux territoires ultramarins sur les antennes nationales. Cette approche ouvre de nouvelles perspectives, en mettant en lumière des initiatives locales et des innovations, comme celles dans le domaine de l’aménagement fluvial. Cela nous permet de dépasser les clichés et de présenter des Outre-mer modernes, dynamiques et porteurs d’avenir.

MEDIA +
Quels efforts sont déployés pour garantir une représentation équilibrée des territoires ultramarins dans le choix des sujets et des intervenants ?
SYLVIE GENGOUL

Avec le producteur Edenpress, nous garantissons une représentation équilibrée et alternée des trois bassins géographiques (Atlantique, Indien, Pacifique). Cet engagement se reflète dans chacun de nos choix éditoriaux. Pour y parvenir, nous nous appuyons sur un réseau de correspondants solide, composé d’une quarantaine de professionnels répartis dans les territoires ultramarins et à l’international. Cette organisation nous permet de traiter chaque sujet avec une compréhension approfondie et nuancée des réalités locales, tout en mettant en lumière la diversité et la richesse propres à ces territoires.

MEDIA +
Comment le pôle Outre-mer adapte-t-il sa stratégie pour répondre aux besoins spécifiques de proximité des populations ultramarines tout en restant accessible au public national ?
SYLVIE GENGOUL

Notre stratégie s’appuie sur un socle éditorial clair. Il vise à répondre aux urgences locales tout en maximisant la visibilité des Outre-mer à l’échelle nationale. Nous racontons ces territoires de manière authentique, en valorisant leur complexité et leur potentiel. Grâce à notre regard unique, nous relions les enjeux locaux aux perspectives nationales et internationales. En étant un acteur engagé pour les Outre-mer, nous renforçons leur visibilité et favorisons le dialogue entre toutes les composantes de la France.

MEDIA +
Quelles initiatives prenez-vous pour accompagner les talents locaux, qu’ils soient réalisateurs, scénaristes ou autres, afin qu’ils puissent contribuer activement aux productions du pôle Outre-mer ?
SYLVIE GENGOUL

Nous avons participé au projet ATOM (Auteurs Talents Outre-mer), qui vise à identifier et accompagner les talents ultramarins. Dans toutes nos fictions, nous faisons le choix délibéré de travailler avec des scénaristes ultramarins afin de garantir que les histoires soient racontées de manière authentique, sans distorsion. À ce jour, nous avons intégré deux lauréats d’ATOM qui collaborent désormais activement sur nos fictions. Actuellement, six projets sont en développement. Nous multiplions aussi les initiatives pour aider les jeunes talents à progresser, notamment grâce à une bourse d’accompagnement pour leur premier long métrage et l’organisation d’une avant-première à France Télévisions et dans l’Hexagone pour renforcer leur visibilité.

MEDIA +
Quels défis et opportunités rencontrez-vous dans le développement de fictions produites localement dans chacun des bassins géographiques (Atlantique, Indien, Pacifique) ?
SYLVIE GENGOUL

La plupart de nos projets émanent des territoires ultramarins. Certains producteurs locaux portent leurs projets de manière autonome, mais beaucoup s’associent à des producteurs nationaux bien établis, ce qui leur permet d’accéder aux dispositifs de soutien à la production. En parallèle, nous explorons d’autres opportunités, notamment avec la chaîne thématique  «Ultra Fiers», dédiée à la jeunesse. Cette chaîne valorise l’entrepreneuriat et les initiatives des jeunes ultramarins. Dans ce cadre, nous offrons aux jeunes amateurs la possibilité de diffuser leurs œuvres pour la première fois, ce qui constitue une formidable opportunité pour révéler de nouveaux talents.

MEDIA +
Quels indicateurs utilisez-vous pour mesurer l’impact de vos contenus ?
SYLVIE GENGOUL

On dispose d’un pôle dédié qui nous fournit tous les indicateurs d’audience de France Télévisions. Actuellement, nous atteignons 48 millions de personnes chaque mois, et nos journaux rassemblent environ 350 000 spectateurs Nous effectuons régulièrement des bilans pour évaluer notre progression depuis l’arrêt de France Ô. Sur le plan digital, nos flux atteignent 148 millions de vues. Nos radios se classent 25ᵉ sur 125 dans le classement ACPM. En complément, notre direction des médias a développé des indicateurs spécifiques pour analyser la performance de nos contenus sur tous les supports des chaînes 1ère : radio, télévision, web et réseaux sociaux. Nous étudions également les «non-publics», c’est-à-dire les personnes qui ne consomment pas encore nos contenus. Ces données nous permettent d’affiner nos stratégies et d’élargir notre audience.

MEDIA +
Avec l’intégration des podcasts à votre offre, comment l’audio peut-il contribuer à enrichir les récits et à atteindre de nouveaux publics, notamment les jeunes générations ?
SYLVIE GENGOUL

Il était indispensable de rendre les podcasts accessibles, car ils restent le média le moins développé en Outre-mer. Pourtant, ils représentent une offre essentielle grâce à leur précision. Lorsque l’on cherche à favoriser une meilleure compréhension et à approfondir les sujets, le podcast s’impose comme une solution idéale. Il offre la liberté d’aborder tous les thèmes, tout en permettant une narration immersive et détaillée. Cela le rend particulièrement attractif pour les jeunes générations, en quête de contenus pertinents et adaptés à leur mode de consommation.