Face à la concurrence, les feuilletons quotidiens de France Télévisions se renouvellent en permanence. Alors que «Plus belle la vie» se met aux couleurs de l’été et lance sa saga avec un épisode-événement le 30 juin à 20h20 sur France 3, «Un si grand soleil» sur France 2 s’apprête à entamer sa 4ème saison, tandis que «O.P.J» débarque le 1er juillet sur France 3. L’occasion de nous entretenir avec Sophie GIGON, Directrice de la Fiction de Day Time à France Télévisions.
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«Plus Belle la Vie» (Telfrance) se met aux couleurs de l’été en lançant sa saga. Qu’est-ce qui a participé à ce choix ?
SOPHIE GIGON
Les feuilletons estivaux n’existent plus vraiment à la télévision. On a donc décidé de créer une saga estivale avec «Plus Belle la Vie». Plutôt que de rester dans nos décors habituels, on a choisi de s’aventurer ailleurs, en extérieur. Les auteurs nous ont proposé une saga aux tonalités aventurières. Comme nous nous adressons assez différemment aux téléspectateurs pendant l’été, l’idée est aussi d’intéresser d’autres publics.
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Créer l’événement sur une série qui fêtera bientôt ses 20 ans et dont les audiences se tassent un peu, c’est aussi un bon moyen de la dynamiser?
SOPHIE GIGON
Les audiences de la série sont stables depuis 1 an. Il s’agit du programme le plus «jeune» de France 3 si l’on se réfère à la moyenne d’âge du téléspectateur, et c’est un vrai carton en replay. Sur un feuilleton quotidien, on ne peut pas s’endormir sur nos lauriers. «Plus belle la vie» a été la reine pendant 15 ans, sans aucune autre série quotidienne en face. Depuis quelques années, trois autres feuilletons quotidiens se sont lancés, et ils ont montré que la série de Day Time pouvait se diversifier. C’est un genre éminemment télévisuel, un rendez-vous très noble qui propose chaque jour une histoire nouvelle à un public. Avec la saga d’été, nous voulons bousculer un peu les règles et montrer que «Plus belle la vie» en avait sous le pied !
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«Un si grand soleil» (france.tv studio) sur France 2 va entamer sa 4ème saison en septembre. Comment avez-vous fait évoluer la série ?
SOPHIE GIGON
Depuis le lancement de la série en août 2018, de nouveaux plateaux ont été construits à Vendargues. Il y a un vrai hub de production capable d’accueillir d’autres tournages. Tout s’est perfectionné au fil du temps. Quand on a lancé la série, la manière de fonctionner était déjà très innovante à la fois sur le nombre d’équipes, la façon de tourner, la technologie mise en place. Il y a un gros travail effectué auprès des réalisateurs. La série est un terreau pour de jeunes talents, ce qui fait évoluer le regard sur «Un si grand soleil». La série est un mélange de polar, comédie et romance. Techniquement, on arrive à créer des rues en fond vert totalement intégrées dans le décor. C’est un grand laboratoire en production et en post-production. Nous avons conservé la même équipe d’auteurs, 25 personnes au cœur du processus de création.
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Avez-vous beaucoup d’épisodes en stock ?
SOPHIE GIGON
Pour nos deux séries quotidiennes, nous avons près de 3 semaines d’avance par rapport à la diffusion. Cela nous permet d’être réactif et d’ajuster le tir. Sur «Plus belle la vie», on va raconter la société, le vivre ensemble et montrer comment on traverse les problématiques. Sur «Un si grand soleil», il y a un côté plus divertissant qui aborde néanmoins la société de façon différente.
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Une nouvelle série, «OPJ» (Terence Films) débarque en quotidienne sur France 3. Quelle est l’origine du projet et sa particularité en termes de production ?
SOPHIE GIGON
«OPJ» est liée à la série «Cut» que nous avions proposée durant 6 saisons sur France Ô. Il s’agit d’une grosse production de 70X26’ qui s’est transformée en 18 épisodes de 52’ pour faciliter la programmation en Day Time. A cela, s’ajoutent deux Prime proposés le jeudi 1er juillet sur France 3. On enchaîne avec la diffusion de la série elle-même. La première saison a été tournée en Nouvelle-Calédonie tandis que la deuxième saison a été stoppée nette lors du 1er jour du tournage à cause de la Covid. La Réunion nous a très gentiment accueilli pour la deuxième saison (diffusée cet été). La troisième est en cours de tournage (14X52’ + 4 Prime). «OPJ» nécessite un travail assez différent de ce que nous faisons sur «Plus belle la vie» et «Un si grand soleil». Sur place, nous aidons à faire monter en compétence tout un ensemble de personnes (comédiens, techniciens, cadreurs,…) qui souhaitent se former à l’audiovisuel. Quand «Cut» a débuté, il y avait 2 cadreurs réunionnais. A la fin de la 6ème saison, 100% de l’équipe technique était locale. Ce sont des investissements communs avec la région. Pour 1€ investi sur «OPJ», la Réunion récolte 3€. C’est très important de conquérir de nouvelles compétences sur le terrain.
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Quel regard portez-vous sur la concurrence ?
SOPHIE GIGON
La concurrence oblige tout le monde à s’upgrader. On regarde ce qui se fait ailleurs. Nous avons tous à apprendre des autres. Les techniciens se baladent d’une fiction à l’autre. En Occitanie, il y a d’ailleurs trois séries tournées en même temps («Demain nous appartient», «Ici tout commence», «Un si grand soleil»). La production industrielle, c’est ce que permettent les fictions longues.
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Préparez-vous une nouvelle série quotidienne ?
SOPHIE GIGON
Non, ce n’est pas d’actualité.