S. LELOUCH (WAiFF) : «IA : sans tech, il n’y a pas de cinéma»

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La première édition du World AI Film Festival, dédié aux interactions entre les nouvelles technologies et la création cinématographique et audiovisuelle, se tiendra les 11 et 12 avril prochain à Nice. L’occasion pour media+ d’évoquer le déploiement de l’IA dans le cinéma et l’audiovisuel avec Sarah LELOUCH, Co-organisatrice du World AI Film Festival.

MEDIA + Que représente le lancement du World AI Film Festival ?

SARAH LELOUCH La première édition du World AI Film Festival (WAiFF) se tiendra les 11 et 12 avril 2025. Il s’agit d’un événement inédit dédié aux interactions entre les nouvelles technologies et la création cinématographique et audiovisuelle. Le WAiFF se positionne comme le premier espace de réflexion et de dialogue en France pour interroger les transformations en cours dû aux nouvelles technologies et en particulier à l’utilisation de l’intelligence artificielle, tout en plaçant l’écriture et la narration au centre des débats. Étant fondatrice de TechCannes Business Club et de ClapAction, je suis particulièrement touchée et intéressée par ces sujets. Plutôt que de lutter contre, nous devons nous interroger sur la manière de faire avec.

MEDIA + Comment a été pensée la première édition du World AI Film Festival ?

SARAH LELOUCH Le WAiFF proposera une programmation conçue pour encourager la réflexion, le questionnement et la collaboration autour de conférences et de projections mettant en lumière des usages innovants des nouvelles technologies (en particulier l’intelligence artificielle) dans l’écriture et la réalisation. Ainsi, la soirée du vendredi 11 avril sera consacrée à un grand «Procès de l’IA dans le cinéma», grand débat ouvert au public et retransmis dans des écoles et des universités pour discuter des opportunités et des limites de cette technologie dans le cinéma. De plus, le même soir, un jury remettra ses prix au cinéma Pathé Gare du Sud, à Nice. Les tables-rondes auront lieu le samedi 12 avril au Palais des Rois Sardes à Nice.

MEDIA + Que représente la tech dans le secteur du cinéma ?

SARAH LELOUCH Soyons clair : sans tech, il n’y a pas de cinéma ! L’innovation a toujours fait peur au début, mais elle a chaque fois été un défi réussi dans notre secteur, comme l’arrivée de la couleur, du son, ou encore des effets spéciaux. L’IA représente une évolution très importante, et nous devons nous investir sur ce sujet, Français comme Européens ! Je suis fière que mon père, Claude Lelouch soit le Président d’honneur de cette première édition. Il a toujours étudié les nouvelles technologies : il a été le premier à avoir fait un film entier tourné à l’IPhone. Il a bien compris que l’IA est une révolution dans le cinéma. Cet outil va démocratiser l’accès au cinéma, et faire émerger de nouveaux talents. Nous en avons besoin ! Avec l’IA, les coûts de production vont drastiquement réduire, de près de -90% pour l’animation, par exemple. Les espaces de diffusion sont de plus en plus nombreux, ces économies vont pouvoir de multiplier les productions.

MEDIA + IA toujours, les talents français sont-ils assez formés à ces outils ?

SARAH LELOUCH La France commence à savoir utiliser ces outils. Les Français n’ont pas encore conscience de ce qu’il se passe, et les artistes sont scindés en deux. Le festival est là pour renforcer et encourager les compétences autour de ces outils d’IA. Il existe des formations oui, mais il suffit d’avoir ChatGPT pour se former ! C’est dans la pratique qu’on apprend. J’ai testé la création d’une affiche pour le prochain projet de mon père : l’IA nous a généré un premier jet, très bluffant ! En l’espace de deux prompts, nous avons créé l’affiche de son prochain projet.

MEDIA + Militez-vous pour une récompense spéciale IA dans certaines cérémonies, comme les Oscars ou les César ?

SARAH LELOUCH Non, je ne militerai pas pour ça, plutôt pour garder les catégories existantes, mais qu’elles puissent récompenser des films utilisant l’IA. Je ne veux pas faire de distinctions. Dans les règlements, il n’y a aucune interdiction de présenter un film qui a utilisé des outils IA. Je suis très heureuse qu’Adrian Brody ait gagné l’Oscar du meilleur acteur pour «The Brutalist», alors que l’IA a été utilisé pour rendre son accent parfait dans le film.

MEDIA + Réfléchissez-vous déjà à une seconde édition ?

SARAH LELOUCH Bien évidemment, le World AI Film Festival a vocation à continuer, à évoluer, et à participer à l’évolution du secteur. Nice nous accueille très bien, il est important que chaque ville puisse avoir son festival prestigieux. Il n’est pas impossible que nous passions à trois jours pour la prochaine édition. Je souhaite créer des ponts encore plus forts entre le cinéma et l’audiovisuel.