Séries TV : un marché international dynamique

Les séries ont le vent en poupe. Eurodata TV Worldwide, le département international de Médiamétrie, a étudié sur l’ensemble de l’année 2016 le dynamisme du marché mondial de la création sérielle. L’occasion, aussi, de cerner les particularités régionales qu’ont les modes de production et de diffusion de ces programmes attractifs. En 2016, plus de 8.000 nouveaux programmes – tous genres confondus – ont été lancés et diffusés, dans 50 pays, à la télévision ou sur les plateformes de SVOD. Plus de la moitié de ces programmes sont des créations originales, produites localement. La fiction représente 40% de ces nouveaux programmes, parmi lesquels 2/3 sont des séries dramatiques, et 16% des mini-séries. Toutes s’organisent autour des thèmes universels que sont l’amour, les drames, les crimes, l’investigation ou la famille, ce qui facilite leur export. Dans le domaine de la fiction, 44% seulement de ces nouveaux programmes sont des créations originales, ce qui témoigne de l’appétence du public pour les contenus du monde entier et les nouvelles formes narratives. Un marché dynamique, donc, où se distinguent particulièrement l’Europe de l’ouest et la Scandinavie, qui achètent le plus grand nombre de fictions étrangères. En Europe centrale, en Asie, et en Amérique latine, les échanges (exports et adaptations) sont principalement régionaux, du fait des proximités culturelles entre les pays, ce qui fait de ces zones des marchés émergents pour les exportations en langue anglaise. Le dynamisme du marché se mesure également en rapportant le type de formats au type de chaînes qui les achètent. 65% des fictions importées sont achetées par des chaînes privées, alors que les chaînes publiques n’hésitent pas à investir dans les créations originales ou à s’allier avec le privé, pour mettre sur pied des superproductions, tant l’effet amplificateur de ces programmes sur l’audience, est important. Avec les fictions originales, France 3 en France ou Channel 5 en Grande-Bretagne, par exemple, augmentent leurs audiences de 36%, et TV2 (Danemark) de 28%. En Europe, chaque marché cultive néanmoins ses particularités. En Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Scandinavie, plus de la moitié des programmes importés proviennent des États-Unis, et dans une moindre mesure d’Europe de l’Ouest. Mais la structure des exportations de chacune de ces aires géographiques diffère grandement. L’Italie exporte ainsi ses programmes à parts presque égales en Europe de l’Est et en Océanie, ainsi qu’en Amérique latine et en Scandinavie. En Italie, le «boum» de la fiction doit beaucoup aux investissements de Sky Italia, qui a ouvert la voie en se lançant dans des superproductions comme «Gomorrah», 1992 ou, avec Canal+, «The Young Pope». La Rai a par exemple adopté une nouvelle stratégie pour mieux exporter ses programmes : cultiver les sujets spécifiquement italiens, et les rendre attractifs pour le marché étranger. Ce qu’elle a parfaitement réussi avec «Les Medicis: Les Maîtres de Florence», entièrement tourné en Italie, produit et réalisé par Frank Spotniz («The X-Files») et Nicholas Meyer («Star Trek II»), reconnus sur le marché international de la fiction. La série a été diffusée sur Netflix. Et, en France, sur Numéro 23, dont elle a multiplié l’audience par 2 lors du lancement de la série. Alors que c’est un marché généralement plus conservateur, l’Allemagne a récemment gagné des Emmys avec «Generation War» (2014) et «Deutschland 83» (2016). Contrairement à l’Italie, ses exportations se concentrent sur 2 ou 3 régions, en 1er lieu la Scandinavie. Si chaque chaîne suit sa propre stratégie, toutes font le pari de la co-production. Une série comme «Before we die» a été co-produite avec la chaîne suédoise SVT, et sera bientôt diffusée en Norvège. Si on y retrouve des éléments propres aux fictions scandinaves, la série se dote d’une touche germanique en incluant des sujets d’ordre sociaux comme les problèmes de drogue et les problématiques familiales.