Spectacle : encore trop de discriminations et de racismes pour les acteurs «non-blancs»

 Les comédiens issus de minorités ethniques disent éprouver de la discrimination, voire du racisme, notamment au théâtre, selon une étude faisant état vendredi d’exclusion de grands rôles, d’opacité lors des auditions et de difficultés à se constituer un réseau. «Pour décrire les épreuves professionnelles qu’ils ont vécues, plus de la moitié des acteurs et actrices interrogés emploient les termes «discrimination» ou «racisme»», constatent les auteurs de cette étude, les chercheurs en sciences de l’information et de la communication Sarah Lécossais et Maxime Cervulle, dans une synthèse transmise à la presse. En 2022-2023, ils ont mené des entretiens auprès de 100 personnes «dont 51 comédiennes et comédiens perçus comme non-blancs», c’est-à-dire «comme noir, arabe ou asiatique», issus du théâtre et/ou du cinéma et de l’audiovisuel, et auprès de 24 responsables de distribution artistique et 25 metteurs en scène. Intitulée «La couleur des rôles», leur étude est financée par le ministère de la Culture et réalisée dans le cadre d’un partenariat entre les universités Sorbonne Paris Nord et Paris 8. «Les arts du spectacle bénéficient d’une dérogation à la législation anti-discrimination : il est possible, dans ce secteur, d’utiliser des catégories ethniques ou raciales pour classer les personnes et pour les sélectionner» en vue des castings, par exemple, rappelle Maxime Cervulle. Dans le théâtre, pour les comédiens sondés, il est «difficile d’accéder aux rôles de répertoire et aux grands rôles du patrimoine classique français, comme Marivaux, Racine, etc., sous prétexte que «Bérénice» (dans la pièce de Racine, ndlr) serait blanche», détaille Sarah Lécossais. Et ce «dès leur formation dans les écoles de théâtre», publiques comme privées. Dès lors, «ils vont être assignés à jouer dans du théâtre contemporain», selon elle. Un débat sur la signification de la couleur de peau sur scène traverse le théâtre, relèvent les auteurs : «deux positions s’affrontent : une «color-blind», qui consiste à faire fi de la couleur de l’épiderme, et une «color-conscious»», selon laquelle il s’agit d’»un élément à part entière de la dramaturgie». «Aucune n’est satisfaisante», affirme Maxime Cervulle, mais l’existence de «ce dilemme contribue à penser l’inclusion théâtrale (de ces acteurs) comme un problème». publiquement, empêchant ces comédiens d’y participer et de se constituer un réseau.