«Spider-Man: Across the Spider-Verse» : une démonstration de savoir-faire technique

3231

Plus de 240 personnages dans six univers parallèles: les réalisateurs du film d’animation «Spider-Man: Across the Spider-Verse», expliquent leur plan pour répondre aux attentes créées par le premier opus, récompensé par un Oscar. Les premières images, non finalisées, de ce film, l’un des plus attendus de 2023, ont été ovationnées par le public du Festival international du film d’animation d’Annecy. On y retrouve l’ado new-yorkais Miles Morales, un jeune métisse afro-américain et portoricain, qui va revêtir les habits de l’homme-araignée. Comme le premier volet, «Spider-Man : New Generation», sorti en 2019, le film est une démonstration de savoir-faire technique, avec des styles visuels différents dans les six univers parallèles que va visiter le super-héros. Parmi les scènes dévoilées, un très impressionnant combat contre un vautour à l’intérieur du musée Guggenheim de New York, l’irruption d’une Spiderwoman à moto, enceinte de plusieurs mois, et une double intrigue familiale, du côté des parents de Miles, et de ceux de son acolyte Gwen. Miles Morales «reste la star, au coeur de l’histoire. Mais nous ne voulions pas nous endormir sur nos lauriers et suivre le chemin le plus facile», a expliqué Kemp Powers, l’un des trois co-réalisateurs. L’équipe se sait attendue au tournant: le premier film a connu un succès «de bouche à oreille», soulignent-ils, et a créé de grandes attentes. «C’est une histoire encore plus complexe que le premier, où beaucoup de personnages venaient dans le monde de Miles. Cette fois, c’est lui qui voyage dans un tas de dimensions», poursuit M. Powers. L’occasion d’employer toutes une palette de techniques d’animation différentes, loin de la 3D parfois standardisée de l’animation contemporaine. Des outils qui ont permis à l’équipe d’introduire un nouveau super-méchant, «The Spot» (le point en français), au corps couvert de tâches noires, silhouette insaisissable qui évolue et se renforce au fil de l’intrigue. «L’animation est un média formidable parce qu’il y a des choses que vous ne pouvez faire que comme ça», explique Justin Thompson, un autre co-réalisateur. ««The Spot» est un bon exemple de ce que vous ne pouvez pas répliquer avec des prises de vue réelle. Ses mouvements, ses actions qui interagissent avec plusieurs personnages en même temps, en prise de vue réelle, ça semblerait un peu pourri, et là c’est fluide !», poursuit-il. Finalement, «la seule limite c’est le temps», malgré cinq ou six années de production pour chacun des films, dont un troisième doit sortir en 2024, abonde Kemp Powers, «mais notre imagination n’a pas de limites». Au-delà de l’aspect technique, l’équipe veut livrer un film «que tout le monde peut saisir : des bébés aux grands-parents, en passant par tous ceux qui sont entre les deux», ajoute le troisième réalisateur, Joachim Dos Santos. Au fond, «c’est l’histoire d’un enfant qui a une relation avec ses parents aimants, d’un ado de 15 ans qui commence à déployer ses ailes, et il les déploie un peu à travers le «multivers»», raconte-t-il. Ce spectacle visuel est «conçu pour le grand écran», insiste Kemp Powers, interrogé sur le sujet à l’heure où certains films zappent la case cinéma pour atterrir directement sur les plateformes. Il en sait quelque chose: son précédent film, «Soul», Oscar 2021 du meilleur film d’animation, a été privé de sortie en salles par Disney/Pixar. «Spider-Man: Across the Spider-Verse» sera visible au cinéma, en juin 2023… «sauf invasion de martiens ou guerre mondiale !», plaisante-t-il.