Depuis l’arrivée de Free Mobile (filiale d’Iliad) sur le marché de la téléphonie mobile, en janvier 2012, le secteur a régulièrement fait l’objet de tentatives de concentration, dont les discussions entre Orange et Bouygues pour le rachat de Bouygues Telecom n’étaient que le dernier avatar.
– Mars 2014: Au printemps 2014, à peine 2 ans après l’arrivée de Free Mobile, la filiale du groupe Bouygues se lance à l’assaut du numéro 2 du secteur SFR, alors filiale de Vivendi, espérant alors réaliser la consolidation du marché. Bouygues Telecom est mal en point et SFR quasi à l’arrêt, du fait de la volonté de désengagement de son actionnaire. A l’époque, un rapprochement Bouygues/SFR est vu comme une solution de survie pour les 2 principales victimes de l’arrivée de Free. Pour réaliser ce retour à 3 du marché et renforcer les positions de son opérateur, Martin Bouygues fait alors une proposition à 13,15 milliards d’euros à Vivendi pour SFR, promettant au passage de ne réaliser aucun licenciement et d’investir massivement. Malgré une offre inférieure de 1,4 milliard d’euros, la bataille sera finalement remportée par le groupe Altice, de l’homme d’affaires Patrick Drahi.
– Eté 2014: Ce n’est pas la 1ère fois qu’Orange et Bouygues se retrouvent autour d’une table pour discuter de l’avenir de Bouygues Telecom. Dans la foulée du rachat raté de SFR par le groupe diversifié, des négociations sont entamées, en mai 2014, sur un rachat de Bouygues Telecom par l’opérateur historique. Mais la filiale télécoms de Bouygues est alors en pleine restructuration, et Orange prend la décision de mettre fin aux discussions, estimant que «les conditions que le groupe avait fixées ne sont pas réunies».
– Eté 2014: En parallèle des discussions avec Orange, Bouygues est approché par Iliad, la maison-mère de Free, en vue d’un rapprochement là encore. Entre les 2 opérateurs, les synergies semblent plus évidentes, Free apportant sa dynamique positive depuis son arrivée sur le marché quand Bouygues Telecom offre à Iliad un réseau déjà installé, mettant ainsi fin au contrat d’itinérance qui lie Free à Orange. Lors de l’offre de Bouygues sur SFR, Free avait déjà été intégré aux négociations, en vue de racheter le réseau de Bouygues Telecom pour 1,8 milliard d’euros, une étape nécessaire à une éventuelle acceptation par les autorités de concurrence si Vivendi avait dit oui. Mais là encore, les discussions n’iront pas plus loin, Bouygues Telecom préférant miser sur une stratégie de prix agressive et la qualité de son réseau.
– Juin 2015 : Altice tente de racheter Bouygues Telecom. Un an après avoir mis la main sur SFR, le groupe Altice de Patrick Drahi entend doubler la mise en faisant main basse sur le numéro trois du secteur, Bouygues Telecom, présenté comme étant mal en point après une année 2014 terminée dans le rouge, et un plan social qui doit permettre de remettre l’opérateur sur les rails. Dans l’espoir de faire plier Martin Bouygues, Altice propose 10 milliards d’euros, une somme qui ne permettra cependant pas de convaincre le groupe Bouygues, dont le conseil d’administration repoussera l’offre à l’unanimité.
– Janvier 2015: Orange entre à nouveau en discussions avec le groupe Bouygues, le 5 janvier, en vue de lui racheter Bouygues Telecom. L’objectif n’a pas changé: ramener à 3 le nombre d’opérateurs principaux en France. Mais les négociations traînent en longueur, les 2 groupes devant à la fois s’accorder sur une entrée de Bouygues au capital d’Orange, et sur une cession d’actifs à leurs rivaux SFR et Free. Le 1er avril, les 2 groupes ont annoncé la «fin des discussions» en vue d’un rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom, faute d’avoir pu conclure un accord.