«The Americans», la série d’espionnage qui paraît plus actuelle que jamais à l’ère de Trump et de Poutine

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Rien de tel que l’effondrement de l’Union soviétique pour mettre sens dessus dessous la sixième et dernière saison de «The Americans», la série d’espionnage qui paraît plus actuelle que jamais à l’ère de Trump et de Poutine.
Joseph Weisberg, ancien officier de la CIA et créateur de la série qui revient mercredi aux Etats-Unis sur la chaîne câblée FX et en France sur Canal+ Séries en simultané, se souvient aujourd’hui avec amusement de la question posée lorsqu’il a présenté son idée, en 2012: «Qui s’intéresse encore aux relations entre Etats-Unis et Russie?».
Depuis, la guerre en Ukraine, la sécession de la Crimée, le conflit syrien et, surtout, l’ingérence russe lors de la campagne présidentielle américaine en 2016 ont fait de la période actuelle la plus tendue entre les deux pays depuis la Guerre froide. Elizabeth et Philip Jennings, les deux héros de «The Americans», vont vivre durant cette dernière saison l’un des ultimes épisodes de cette Guerre froide, à savoir les négociations du traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire, en 1987.
La tension qui n’a pas quitté la série depuis le premier épisode reste intacte, portée par le personnage d’Elizabeth (Keri Russell), toujours idéaliste, radicale et intransigeante, quand Philip (Matthew Rhys) a, lui, pris du champ. «C’est de loin mon rôle le plus amusant», a expliqué Keri Russell, dans le podcast «Remote Controlled» du magazine Variety. «Etre une femme et jouer ce personnage, c’est vraiment cool». «Elle est tellement féroce et résolue», décrit-elle. «Ce ne sont pas les qualités typiques d’un personnage féminin, à part les super-héros». Manipulée, prisonnière d’un conflit entre la ligne réformatrice de Mikhaïl Gorbatchev et les durs de l’appareil communiste et du KGB, Elizabeth s’enfonce, sous les yeux de Philip.
«Tu es incroyable mais ça commence finalement à t’atteindre», lui lance, inquiet, celui qui est né Mischa Semenov. Cette dernière saison est ainsi une nouvelle occasion d’explorer la richesse de cette cellule familiale, d’une simplicité biblique en apparence mais d’une complexité folle en réalité. «Cet univers intense d’espions fait que tous les sentiments d’une relation de long terme (…) explosent comme un feu d’artifice», a résumé Keri Russell, qui vit avec Matthew Rhys. «Ce n’est pas une série d’espions», a estimé Joe Weisberg lors d’une projection à New York. «Ça parle de deux personnes mariées l’une à l’autre et qui se trouvent être des espions». C’est parce que rien n’est jamais anodin dans ce monde de l’espionnage, où tout se lit à deux ou trois niveaux, que les auteurs ont réussi à maintenir l’intérêt de cette série, tout en collant le plus fidèlement possible à la réalité historique.
Aucune autre série n’avait jamais osé ainsi proposer des scènes de plusieurs minutes tournées entièrement en langue étrangère, a fortiori le russe, pour ne pas transiger avec le réalisme. Pour tenir le téléspectateur en haleine, il fallait aussi une bonne dose d’action et, après plus de 60 épisodes, Elizabeth présente aujourd’hui un tableau de chasse qui n’a rien à envier à un James Bond. De ce point de vue, la sixième saison s’annonce aussi comme une apothéose. Nul n’a voulu divulguer quoi que ce soit de l’épilogue, mais Matthew Rhys a feint de craquer: «Tout le monde meurt».