CB Networks est un acteur majeur de l’élargissement de la diffusion à toute la France et l’Europe de l’ORTM, la chaîne nationale du Mali, et a notamment contribué à réunir les différents intervenants du projet. CB Networks voit dans la concrétisation de ce projet «une diversification stratégique de ses activités, tout en restant centrée sur le domaine des télécommunications.» Le président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, a lui-même inauguré l’élargissement de la diffusion de l’ORTM, le 17 décembre à la Mairie de Montreuil.
média+ : Quelles motivations ont amené à la diffusion par Satellite en Europe de l’OTRM ?
Dominique Buisson : Les motivations, pour nous elles sont économiques, mais du côté de l’ORTM, il y avait des précédents en Afrique de l’Ouest avec les télévisions sénégalaises. Il y a donc un effet d’entraînement avec le Sénégal, un peu en avance, qui diffuse sa culture via satellite. Il y a une forte communauté malienne en France et en Europe, qui apporte économiquement beaucoup de revenus vers le Mali. Il faut donc conserver un lien entre les deux. C’est une volonté politique importante. Certains maliens, en France, sont dans de foyers où ils pouvaient déjà recevoir la télé malienne, mais il fallait être doté des équipements en bande C, ce qui coûte cher. Aujourd’hui ça va être accessible pour une centaine d’euros, à la fois pour les gens qui sont en foyer, et pour ceux qui sont en pavillon ou en immeuble si vous avez l’ autorisation de mettre une antenne. Il y a juste l’accès à l’équipement qui est payant, le reste est gratuit.
média+ : Comment se sont noués les contacts entre les pouvoirs publics maliens, CB Networks et Eutelsat ?
Dominique Buisson : Nous avons une filiale à Bamako, dont le directeur général est Amoudiata Coulibaly. Nous sommes fournisseurs pour la Sotelma, opérateur de téléphonie, et donc nous assurons pour la télévision des solutions d’accès pour des transmissions temporaires ou inter-site au Mali. De part nos contacts , on a eu une discussion sur un projet de diffusion en Europe, et l’ORTM nous a demandé de mener le projet et les négociations avec un opérateur satellite. On a choisi Eutelsat car ils ont une offre attractive et car ce sont des clients et qu’il est plus facile de travailler avec des clients. Ils ont une couverture dans toute l’Europe en bande Ku. On a trouvé un terrain d’entente, ce qui est remarquable car ce n’était pas évident pour nous petite structure d’obtenir la confiance d’Eutelsat. Sur les affaires africaines, il y a toujours une constante de temps difficile à évaluer, or pour les grosses sociétés comme Eutelsat, maintenir cette constante n’est pas évident. Du fait de notre présence à Bamako, ça nous a permis de maintenir en permanence ce dossier «éveillé» et de rencontrer tous les acteurs, de la télévision, des ministères et de la présidence malienne, et de faire en sorte que toutes les volontés s’accordent pour mener à bien le projet.
média+ : Vu votre investissement dans cette affaire, considérez vous qu’un nouveau marché s’est ouvert pour CB Networks ?
Dominique Buisson : Il y a un retentissement suite à ce lancement, et sans doute d’autres pays vont suivre. Nous y sommes très attentifs. Le Bénin est très intéressé, des gens au Gabon le sont également pour diffuser vers leur communauté. Il y a une forte communauté congolaise en France, et surtout en Belgique, qui vient de la République Démocratique du Congo. Il va y avoir un mouvement, d’autant plus que si l’on multiplie les offres, les coûts vont avoir tendance à baisser. Et puis il y a une volonté de transparence dans ces pays, une volonté de donner l’accessibilité aux Européens du traitement de l’information dans ces pays et à l’image de l’Afrique par un autre regard. Enfin, il y a des gens qui aiment l’Afrique et qui ont tout simplement envie d’avoir accès aux médias africains.