Trois questions à … Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT de France Télévisions

    Le 25 juin, la commission Copé rendra son rapport final au président de la République. Pour les syndicats, la commission Copé persiste dans ses erreurs puisqu’elle maintient des propositions néfastes (Cf n°309,325,347 et 362 de media+ sur les rapports d’étapes). Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT de France Télévisions, explique pour quelles raisons les préconisations de cette commission ne sont pas les bonnes.

    média+ : La commission Copé est-elle à votre sens un échec ?

    Jean-François Téaldi : Les promesses faites par le président de la République, Mr Nicola Sarkozy, à l’intersyndicale n’ont apparemment pas été tenues après trois mois et demi de travail de la commission Copé. En effet, la perte financière engendrée entre autre par la suppression de la publicité, ne sera pas intégralement recouverte, même si Mr Jean-François Copé et Mme Christine Albanel, disent le contraire. La commission n’a trouvé aucune piste. Puisque tous les moyens proposés n’arriveront pas à la somme équivalente à la perte. Deuxièmement, nous savons pertinemment que les nouvelles taxes que la commission désire instaurer, seront retoquées par la commission européenne, si elles sont votées par le Sénat et l’Assemblée nationale en automne. En effet, la commissaire européenne à la Société de l’information Viviane Reding a bien expliqué, le 4 avril dernier, qu’instaurer une taxe sur Internet pour compenser la suppression de la publicité sur la télévision publique allait à l’encontre des politiques européennes de développement des supports de médias. Mais le leurre de la commission s’établie également sur la soit disant nouvelle proximité de France 3. Comment voulez-vous être plus proche de la population lorsqu’on réduit de 13 à 7 les antennes de la chaîne? Tous les syndicats arrivent à la même conclusion: comment une commission qui est censée se pencher sur le service public peut-elle être majoritairement composée de producteurs venant du secteur privé? Cela cache quelque chose, certainement une volonté de créer en France trois ou quatre grands groupes de médias, ne laissant aucune place au service public.

    média+ : Quelles ont été les décisions adoptées par l’intersyndicale qui s’est réunie hier ?

    Jean-François Téaldi : Nous allons nous mobiliser davantage car nous avons vu que tout n’était pas inscrit dans le marbre. On peut encore faire bouger les lignes. La commission Copé à déjà reculé sur le droit de véto du membre représentant le gouvernement au sein du conseil d’administration. Mais elle a également consenti à indexer le montant de la redevance sur l’inflation. Alors tout n’est pas perdu. Notre action s’établit en trois points: nous avons tout d’abord demandé, hier après midi, une entrevue avec Nicolas Sarkozy. Il avait promis au mois de février de nous recevoir à nouveau si nécessaire avant la remise du rapport finale de la commission. On le prend au mot. Deuxièmement, le champ d’action est modifié à partir du 25 juin. Ce n’est plus vers les membres de la commission que l’intersyndicale va se tourner mais vers les parlementaires. Et nous irons jusqu’à aller à Bruxelles afin de mobiliser l’Europe. Nous demandons des rencontres avant la prochaine cession parlementaire européenne pour rencontrer Viviane Reding et Nelly Kroes (commissaire à la concurrence). Nous allons également étendre nos actions de blocages.

    média+ : Le groupe France Télévisions n’a-t-il pas besoin, tout de même, d?une modernisation ?

    Jean-François Téaldi : L’évolution est permanente à France Télévisions: nous nous développons sur les nouveaux supports. Les salariés se sont adaptés: leurs productivités ne cessent de croître. En revanche, c’est certain, il y a des améliorations à faire dans le groupe car on a pris du retard, notamment comparé au secteur privé. Le problème actuel est le suivant: tout se fait sous la pression du pouvoir politique. On avait un modèle économique qui fonctionnait depuis 20 ans et qui reposait sur le panachage publicité/redevance. A la CGT, nous préconisons un maintien de la publicité à hauteur de 25%, minimum, dans ses rentrées budgétaires. Depuis l’annonce de Nicolas Sarkozy de reformer l’audiovisuel public, France Télévisions a perdu 26% de ses rentrées publicitaires. A la mi-mai nous étions à découvert en compte d’exploitation de plus de 20 millions d’euros, on risque d’être à -350 millions d’euros en décembre 2008.