Deux chaînes de télévision turques, proches de l’opposition, sont menacées de fermeture définitive à terme, en raison de leur ton critique envers le gouvernement.
Sözcü devra cesser ses émissions mardi soir à minuit (21H00 GMT), étant arrivée au bout des procédures d’appel qui bloquaient l’exécution des dix jours d’interdiction d’émettre.
Cette chaîne est sanctionnée pour avoir couvert les manifestations antigouvernementales interdites consécutives à l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, en mars.
HALK TV, proche du premier parti d’opposition parlementaire CHP (social-démocrate), a quant à elle obtenu lundi du tribunal administratif d’Ankara, auprès duquel elle avait interjeté appel, un sursis de sept jours à sa suspension mais risque toujours la fermeture définitive, a annoncé son rédacteur en chef Suat Toktas.
En cas d’objection de la RTÜK (l’Autorité de gestion de l’audiovisuel, ndlr), «notre diffusion sera interrompue dans sept jours», a relevé son rédacteur en chef Suat Totkas.
Une telle suspension, redoute-t-il, équivaudrait à une fermeture définitive pour Halk TV en raison de précédentes condamnations : «Si une sanction est prononcée pour le même article en l’espace d’un an, notre licence sera révoquée et la chaîne définitivement fermée», a-t-il expliqué. M. Totkas note cependant que «la sanction a été infligée en raison de propos tenus par un invité en direct».
Or, «en vertu des décisions de la Cour constitutionnelle et de la Cour européenne des droits de l’homme, les déclarations des invités en direct ne lient pas la chaîne Halk TV».
Dans les deux cas, bien que pour des motifs différents, ces chaînes payent leur attitude critique envers le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.
L’organisation Reporters sans Frontières RSF a dénoncé ces sanctions : «L’intention de liquider les chaînes d’opposition dans le cadre d’un projet autoritaire ne fait guère de doute», estime Erol Onderoglu, le représentant de RSF en Turquie, qui rappelle les très nombreuses arrestations de journalistes au cours des derniers mois.
Les syndicats de la presse turque (TGS) et de l’édition appellent à des rassemblements mardi devant le siège des deux chaînes à Ankara. La Turquie figure à la 159e place sur 180 pays du classement RSF pour la liberté de la presse.