TV/ Coupes d’Europe/ rugby : l’organisateur réfléchit à une autre stratégie pour l’avenir

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En privilégiant les lucratives offres proposées par des chaînes payantes en Angleterre et en France, l’organisateur des coupes d’Europe de rugby (EPCR) a aussi perdu en visibilité auprès du grand public, ce qui l’amène à réfléchir à une autre stratégie pour l’avenir. Difficile de résister à 220 millions d’euros sur 4 ans, soit 60% de mieux qu’avant. L’EPCR a en tout cas cédé à la tentation, en s’empressant à sa création en avril 2014, en remplacement de l’ERC, de renégocier les contrats télé des Coupes d’Europe, certaine de faire sauter la banque. Quitte à surestimer ses produits puisque, en France, le prix de réserve fixé (27 millions d’euros par saison, soit quasiment le double du contrat précédent) n’a même pas été effleuré: au total, BeIN Sports, qui diffuse toute la Coupe d’Europe, débourse une petite vingtaine de millions par exercice. Un chèque légèrement gonflé par l’apport de France Télévisions. Dans les îles britanniques, les opérateurs payants BT et Sky se partagent le gâteau pour 31 millions par exercice environ. De l’argent frais qui a permis de considérablement augmenter les chèques redistribués chaque année aux clubs participant aux compétitions. Mais 2 ans plus tard et à mi-parcours de ces contrats qui courent jusqu’en 2018, le bilan est mitigé. «En Angleterre, le fait d’avoir deux diffuseurs payants n’est pas optimal», convient le DG de l’EPCR Vincent Gaillard. «En France, les fans de rugby sont contraints de prendre un abonnement Canal + pour suivre le Top 14 et BeIN pour la Coupe d’Europe. On va réfléchir à cette question». En fragmentant l’offre, les téléspectateurs sont parfois perdus. «Il y a eu un déficit d’information sur le sujet du diffuseur, il nous a fallu faire de la promotion la première année», reconnaît Rodolphe Pirès, patron du rugby sur BeIN et aux commentaires en direct des finales vendredi et samedi. «Mais on a le sentiment d’avoir très bien exposé la Coupe d’Europe, tant en quantité que dans la qualité du traitement. Je suis fâché d’entendre le contraire», poursuit-il. Les audiences sont cependant à la baisse. Un match de Coupe d’Europe diffusé sur Canal+ atteignait en moyenne 600.000 téléspectateurs. Pour BeIN, qui communique très peu sur ses audiences, des chiffres oscillant entre quelques dizaines de milliers et plus vraisemblablement 250.000 téléspectateurs en moyenne par match circulent. Et heureusement que quelques matches en clair sur France Télévisions ont été sauvegardés sur intervention expresse de Paul Goze, président de la Ligue nationale de rugby, afin de gonfler la visibilité (quelque deux millions sur France 2 pour la demi-finale Racing-Leicester) et permettre aux supporters de Toulon, Clermont ou de Toulouse de garder contact avec leur équipe. «Oui, les audiences ne sont peut-être pas au niveau auquel on pourrait les espérer», admet Vincent Gaillard, qui concède aussi que cette exposition limitée entrave la recherche de nouveaux partenariats. «Mais on travaille de manière très proche avec BeIN afin d’augmenter leurs audiences», poursuit-il, en vantant «l’investissement et les efforts» de la chaîne. «On veut les aider à faire connaître leur offre, qui est plutôt bonne car ils retransmettent l’ensemble des matches pour 13 euros par mois. C’est tout de même pas mal». Cependant, il faut s’attendre à des ajustements en vue du prochain appel d’offres qui devrait être prêt dès la fin de l’année 2016 pour un bouclage du dossier «pendant l’été 2017», dixit M. Gaillard. «Les choses vont bouger dans le futur», promet-il. «Probablement, au Royaume-Uni, on cherchera à avoir un broadcaster (diffuseur) payant et pas deux». En France, l’EPCR va observer de très près le rapprochement en cours entre Canal+ et BeIN, encore soumis à l’aval de l’Autorité de la concurrence, tout comme le résultat de l’appel d’offres (très) anticipé pour les droits TV du Top 14 pour la période 2019-2023.