V. GIRET (franceinfo) : «La part des programmes en double diffusion radio/tv va passer à 4h/jour»

345

Vincent GIRET, Directeur de franceinfo

«Informer, décrypter et débattre pour comprendre», telle est la mission que s’est donnée franceinfo à Radio France. Pour nous livrer les ambitions de la station qui s’est transformée en média global il y a tout juste 1 an, média+ s’est entretenu avec Vincent GIRET, Directeur de franceinfo. 

media+

Mécanique d’antenne, réactivité et obsession de la rigueur sont-ils vos maîtres mots ?

Vincent GIRET

Oui, absolument ! C’est d’ailleurs le métier d’une chaîne d’information dans un paysage extrêmement troublé. Il y a une crise de défiance assez forte, une multiplication des émetteurs et des sources d’information. Il y a donc un besoin de réassurance. La validation, la certification de l’information est au cœur du métier de franceinfo. Nous avons une petite agence interne que Laurent Guimier a créée il y a maintenant deux ans. Elle travaille désormais pour le média global, c’est-à-dire la radio, le numérique et la télévision. Ensuite, nous allons décliner tout au long de la journée des moments pour décrypter les «fake news», expliquer, démonter, donner de la profondeur à l’information. Réaativité, oui. Obsession de la rigueur, c’est fondamental. Un auditeur qui nous écoute 10’ a l’essentiel de l’actualité. C’est notre promesse. Notre durée d’antenne est de 63’, en progression. Il n’y a pas que des titres sur franceinfo, mais aussi de l’approfondissement et des moments où l’on s’arrête. C’est ce que j’ai voulu faire du 12/14.

media+

Votre audience progresse. Est-ce naturellement lié à la richesse de l’actualité ?

Vincent GIRET

La demande d’information est bien présente, au-delà de la présidentielle qui a évidemment joué son rôle. Nous savons que l’on vit une période d’interrogations géopolitiques assez anxiogène. Il y a un besoin de comprendre. Cela fait partie de la curiosité des auditeurs. Notre ligne est de comprendre le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. La promesse est d’être informé très rapidement, au plus près de l’actualité. Nous profitons aussi de la puissance de Radio France et de nos correspondants. Chaque fois que ce sera possible, nous délocaliserons nos émissions là où se passe l’information, en France et à l’étranger.

media+

Que faut-il retenir de vos ambitions stratégiques ?

Vincent GIRET

Le 1er point, c’est le changement des incarnations avec l’arrivée de Bruce Toussaint, un professionnel de l’information en continu. Il a un profil très fédérateur, la télé ne l’a pas rendu fou. Il fait vivre la bande qui l’accompagne. Nous proposons aussi une nouvelle émission «Tout est politique» (21-22 heures) avec Jean-François Achilli. Tout au long de l’antenne, des rendez-vous décryptage et anti «fake news» sont installés. La deuxième ambition qu’il faut retenir, c’est notre accélération sur le média global. La radio en est le socle. La plateforme numérique commune à France Télévisions et Radio France a affiché des résultats spectaculaires puisque c’est la première offre d’information 3 écrans en avril-mai-juin. Grâce à cette plateforme, nous allons chercher des gens qui n’écoutaient pas nécessairement la radio et qui ne regardaient pas forcément la télévision. Il y a des vases communicants. Nous allons chercher une nouvelle audience, des publics plus jeunes avec des formats et des modes d’écriture propres au numérique. Troisième pilier, la télévision. La part des programmes en double diffusion radio/tv en direct progresse. L’an dernier, nous faisions un peu plus de 3 heures. Nous atteindrons presque 4h cette année. De plus, nous apportons aux équipes de France Télévisions notre expérience de «breaking news» qui est ici un sport quotidien.

media+

Quelles sont les réelles relations entre les équipes radio et TV de franceinfo ? 

Vincent GIRET

Au début, bien sûr, il y a eu des tensions. Il a fallu s’ajuster. C’était un défi considérable chez nos amis de France Télévisions de réussir à lancer une chaîne en aussi peu de temps dans des conditions inédites. Le deuxième challenge a été de faire travailler les équipes ensemble, d’embarquer tout le monde des deux côtés de la Seine. En 1 an, un pas de géant a été accompli. A Radio France, j’ai souhaité que l’on renforce la direction de l’information de la station. Tout a été restructuré pour avoir une organisation spécifique et raccord à ce qu’est le média global aujourd’hui.