V. MONTMARTIN (Little Big Story) : «L’axe prioritaire de développement, c’est la fiction».

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, France 5 diffuse le 6 mai en Prime, «Vikings, la saga des femmes», produit par Little Big Story. L’occasion de revenir sur le line-up de la société de production.

MEDIA +
Depuis sa création en 2014, Little Big Story s’est imposée sur la scène internationale grâce à des coproductions ambitieuses. Comment sélectionnez-vous vos projets et quels sont les critères qui définissent un contenu à haute valeur ajoutée ?
Valérie MONTMARTIN

Un bon projet, ce n’est pas juste un coup de cœur. S’il existait une recette magique, on la connaîtrait tous, mais c’est plus complexe que ça. Pour moi, un projet à haute valeur ajoutée doit d’abord avoir un potentiel de diffusion et de financement international. Ensuite, il doit proposer un angle inédit ou un traitement original qui le différencie des autres productions. Si l’on raconte une histoire déjà vue cent fois, elle n’aura pas la force d’exister dans un marché aussi concurrentiel.

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Votre société explore tous les genres et croise même les formats narratifs – du documentaire à la fiction, en passant par l’animation et l’immersion. Est-ce votre signature ?
Valérie MONTMARTIN

C’est surtout notre richesse. Nous avons une base solide en documentaire, avec un prisme international affirmé, et à partir de là, nous aimons croiser les genres. Cela nous permet d’innover et d’apporter une profondeur différente aux récits que nous portons. Par exemple, nous avons des films mêlant prises de vue réelles et animation, ou des projets immersifs qui s’appuient sur un socle documentaire rigoureux. Cette approche nous donne une liberté créative forte, et surtout, elle sert le propos des films. Notre actualité la plus récente, c’est notre prix à Sundance pour le film «Coexistence, My Ass!», une coproduction dont nous sommes très fiers. Ensuite, deux projets majeurs sont en cours, «De quoi la Palestine est-elle le nom ?», une série documentaire de 3X52’, réalisée par Alain Lewkowicz et financée par France Télévisions. Elle retrace l’histoire de la Palestine depuis la fin du XIXᵉ siècle jusqu’à aujourd’hui. Un projet ambitieux, avec un budget avoisinant les 900.000 €. Mais aussi, «Taxe-moi si tu peux», un documentaire en deux parties de 52’ pour Arte France, réalisé par Thomas Lafarge. Ce film s’intéresse aux méga-riches qui veulent payer plus d’impôts et qui militent pour une fiscalité plus équitable. Un sujet passionnant, qui mêle investigation, géopolitique et une approche légèrement décalée.

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Quelle place occupe le transmédia dans votre stratégie ?
Valérie MONTMARTIN

Le transmédia est un pas de côté, un levier supplémentaire, mais ce n’est pas le cœur de notre activité en termes de chiffre d’affaires. Tout dépend du projet. Par exemple, nous avons un projet immersif ambitieux intitulé «Les animaux parlent», porté par Gordon, qui ne vise pas un diffuseur traditionnel, mais un déploiement muséal. C’est une autre manière de penser la narration et l’impact des œuvres. Ce projet est d’ailleurs produit par notre filiale Little Big Story Lab, qui se spécialise dans ces formats innovants.

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Vous avez produit une trentaine de coproductions internationales. Ce modèle est-il un atout majeur pour vous ?
Valérie MONTMARTIN

Absolument. Contrairement aux idées reçues, les coproductions ne sont pas un obstacle, mais une force. Elles permettent non seulement de financer plus largement nos projets, mais aussi d’enrichir artistiquement nos films, en intégrant de nouveaux talents. En revanche, le marché de la coproduction internationale est devenu plus compliqué. Il y a une baisse globale des ressources depuis le Covid, ce qui rend les montages financiers plus complexes. On pourrait penser que l’essor du numérique facilite la connexion entre les partenaires, mais en réalité, les financements sont plus difficiles à obtenir partout dans le monde.

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Des projets phares à venir ?
Valérie MONTMARTIN

Le projet phare du moment, c’est un long métrage d’animation à 7 M€, «Séraphine» soutenu par France 3 Cinéma, Canal+, Ciné+, Eurimages et plusieurs fonds régionaux européens. Il est entré en production en janvier, et c’est un enjeu majeur pour nous. L’axe prioritaire de développement, c’est la fiction. Nous avons plusieurs projets en cours, mais je préfère ne pas trop en dire à ce stade. Nous prenons le temps de bien les développer.

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Un dernier mot sur votre équipe ?
Valérie MONTMARTIN

Oui, j’aimerais souligner que nous avons une équipe solide, qui s’est beaucoup professionnalisée ces dernières années. Deux personnes en particulier jouent un rôle clé, Raphaël Pelissou, mon producteur associé, directeur des productions; et Flore de Fontaigneu, qui nous a rejoints en tant que productrice de documentaires.

LES DIRIGEANTS

V. Montmartin
CEO et Productrice déléguée
COORDONNEES

182 rue Lafayette
75010 Paris

DATE DE CREATION
2014

PRODUCTIONS
«Séraphine», «De quoi la Palestine est-elle le nom ?», «Taxe-moi si tu peux»…