Vingt-quatre médias au Brésil ont uni leurs forces pour lutter contre les fausses informations

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Vingt-quatre médias au Brésil, dont l’Agence France-Presse, ont uni leurs forces pour lutter contre les fausses informations qui envahissent internet et les réseaux sociaux à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre dans le plus grand pays d’Amérique latine. Baptisé Comprova (tiré du verbe «comprovar», prouver en portugais), ce projet collaboratif de vérification des rumeurs et informations regroupe, outre l’Agence France-Presse au Brésil, de grands journaux, télévisions, radios ou sites du pays, tels BandNews, Canal Futura, Correio do Povo, Folha de S.Paulo, Gazeta do Povo, Jornal do Commercio, Metro Brasil, Nexo Jornal, O Estado de S.Paulo, Poder360, Piauí, Rádio Bandeirantes, SBT,
UOL ou Veja.

Réunis à Sao Paulo jeudi dernier, ces médias ont annoncé le lancement de Comprova, le 6 août prochain, sous la coordination de l’Abraji (Association brésilienne de journalisme d’investigation), et avec le soutien de Projor (Institut pour le développement du journalisme) et l’appui technique et financier de Google et Facebook.

Les journalistes des rédactions impliquées ont été formés aux outils de vérification pour «identifier et combattre la désinformation sur internet et les techniques sophistiquées (…) de manipulation» de l’opinion, expliquent ces médias dans un communiqué. Comprova s’intéressera aux informations ayant été déjà amplement partagées ou étant potentiellement virales notamment avec la technologie mobile. Les rédactions travailleront ensemble pour démystifier des fausses informations, des conclusions que Comprova mais aussi ses partenaires partageront largement, notamment à l’aide de gifs animés ou de
courtes vidéos, une fois qu’au moins trois médias auront démontré qu’une information est erronée.

Le réseau social WhatsApp étant particulièrement populaire au Brésil – au moins 120 millions d’utilisateurs – et un vecteur important de «fake news», Comprova recueillera sur un compte WhatsApp dédié des alertes du public sur des informations suspectes.

«Le volume des contenus problématiques circulant au Brésil est si important qu’une seule rédaction ne peut faire face», a déclaré Claire Wardle, directrice de First Draft, à l’origine du projet. «En formant les rédactions et en unissant nos efforts, nous pensons qu’une telle initiative peut avoir un impact durable au Brésil».

Par ailleurs, le Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil a signé un accord jeudi avec Facebook et Google et plusieurs médias pour lutter contre les fausses informations avant les élections. Le TSE a expliqué que cette initiative visait à «combattre la désinformation» et à «promouvoir un journalisme de qualité».

Le président du TSE, Luiz Fux, a averti que la propagation de fausses informations pourrait entraîner l’annulation de certains scrutins lors de ces élections générales (présidentielle, législatives et des gouverneurs) si ces «fake news» avaient un impact important sur les résultats.