Yacine Sabeg, président directeur général de Demain TV

    Depuis qu’il a racheté la chaîne à Canal Plus en 2004, Yacine Sabeg a fait le pari de lui redonner un second souffle. Aujourd’hui, le P.-D.G. souhaite lui conférer une orientation « multiculturelle ».

    média+ : Vous avez racheté Demain TV en 2004, pourquoi votre choix s’est-il porté sur cette chaîne?

    Yacine Sabeg : Cela faisait un an que je travaillais sur le rachat de cette chaîne, parce que j’estimais qu’elle était atypique et pleine d’originalité. Et puis je connaissais bien Martine Moléon, son ancienne directrice. Au départ j’ai proposé à Canal Plus un canal partagé avec une télé euro-méditerranéenne, mais la chaîne n’a pas été intéressée.

    Media + : Souhaitez vous faire de «Demain TV» une chaîne de référence?

    Yacine Sabeg : Lorsque je l’ai reprise en 2004, c’était une chaîne en lambeau. Beaucoup spéculaient sur sa fermeture. Après avoir été la seule chaîne à consacrer son antenne à l’emploi, à la formation et aux initiatives, elle devient également celle de la diversité et de l’urbanité en France. C’est une chaîne généreuse, solidaire, et de proximité.

    Media + : La chaîne fonctionne avec très peu de moyens, quelles sont ses sources de revenus ?

    Yacine Sabeg : oui, nous travaillons avec peu de moyens, nous travaillons avec l’Etat et les collectivités locales sous forme de contrats de prestation, mais nous n’avons pas de subventions, ni d’annonceurs publicitaires, ceux-ci sont très peu intéressés par ce genre de chaîne thématique. Ce qui ne nous empêche pas de réaliser des programmes de qualité, notamment grâce au talent de Martine Lupi, la directrice des programmes.

    Media + : Un partenariat avec les grandes chaînes pourrait voir le jour prochainement ?

    Yacine Sabeg : C’est envisagé. D’ailleurs France 2 a eu connaissance d’un de nos programme «Voix des cités» animé par Latifa Zoubir, et a semblé très enthousiaste. C’est une émission d’un format de 52 minutes qui pourrait parfaitement coller à une chaîne du service public.

    Media + : Pourquoi avoir fait le choix aujourd’hui de donner une «deuxième vie» à Demain TV ?

    Yacine Sabeg : J’y pensais depuis longtemps. Il fallait élargir ce qu’on faisait déjà dans le rural au niveau urbain. Quatre nouvelles émissions sont consacrées à la diversité et aux cultures urbaines. Nous voulons montrer la diversité sous toutes ses formes : des territoires, des porteurs de projet, des initiatives, des cultures…

    Media + : Dans votre nouveau magazine culturel de la diversité «VIP Club», vous avez fait appel à une animatrice déjà médiatisée, Ness, pourquoi ce choix ?

    Yacine Sabeg : J’aurais pu choisir pour ce programme quelqu’un de moins connu, mais je trouvais que Ness avait sa place dans cette émission. C’est une femme sensible, qui s’implique et qui se met au niveau de ses interlocuteurs. Et puis, je souhaitais la présence d’une femme.

    Media + : L’avenir de Demain TV ?

    Yacine Sabeg : Je ne suis pas soumis à l’audience, je me suis mis sur un créneau non exploité et je compte bien y rester. Nous avons toutefois un soucis de développement au niveau de la diffusion, comme la TNT en Ile-de-France.

    Yacine SABEG

    1984 : lancement d’une lettre d’information sur l’intelligence artificielle

    1986 : débute sa carrière de journaliste pigiste à Reuters, puis Canal Plus et France Culture

    1988/ 2001 : rédacteur en chef au sein du groupe Hommell (TV Hebdo et Télé K7)

    2001/2002 : écriture d’un essai sur la discrimination positive (parution en 2004)

    2003 : DG de la chaîne parlementaire, adjoint chargé de la stratégie.

    2004 : devient P.-D.G. de la chaîne Demain.