30 ans après sa création, le festival Premiers Plans d’Angers s’est forgé une réputation de découvreur de talents

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Trente ans après sa création, le festival Premiers Plans d’Angers, qui met à l’honneur les 1ers films de réalisateurs européens, s’est forgé une réputation de découvreur de talents dans un univers traditionnellement tourné vers les stars. Présidée par Cédric Kahn, la 31e édition du festival, qui se déroule du 25 janvier au 3 février, projettera près de 100 premiers films parmi les quelque 2.500 reçus, dont 80 en compétition dans 6 catégories. «Quand on a lancé le festival, c’était un pari risqué. Inviter des réalisateurs souvent inconnus à venir présenter des 1ers films qui ne sont pas forcément des chefs d’oeuvre et n’ont pas forcément un immense marché, c’est forcément compliqué», raconte Claude-EricPoiroux, délégué général et fondateur du festival. Avec 86.000 entrées l’an dernier dans une ville de 150.000 habitants, le festival du cinéma «de l’inconnu» a pourtant su trouver son public. Arnaud Desplechin, François Ozon, Paolo Sorrentino, FatihAkin ou encore Peter Mullan figurent parmi les dizaines de réalisateurs découverts à Angers. «Quand ils sont venus, personne ne savait qui ils étaient. On est dans le domaine de l’inconnu mais c’est aussi moteur pour des spectateurs qui plébiscitent aussi le côté festif de l’événement», souligne M. Poiroux, pour qui «par-delà le star-système, tout le monde dans la profession porte une attention particulière aux jeunes cinéastes qui arrivent». Quand il a appris la sélection de son film «Les Drapeaux de papier», Nathan Ambrosioni, 19 ans, avoue ainsi avoir «sauté de joie». «On m’a toujours dit que Premiers Plans était un vrai festival de cinéphiles et un super tremplin pour les 1ers films», raconte le jeune homme qui s’essaye à la caméra depuis ses 12 ans. «C’est hyper important qu’il y ait des festivals comme celui-là, où, quand on sort de nulle part, on ne se sent pas noyé dans une sélection prestigieuse», reconnaît le cinéaste, qui a réalisé son film juste après avoir passé le bac et considère qu’à Angers «il sera montré à la grande famille du cinéma». Découvreur de talents, Premiers Plans se revendique aussi comme une fenêtre ouverte sur la production européenne. Parmi les nationalités en compétition cette année on trouve notamment la Hongrie, le Danemark, l’Allemagne ou encore les Pays-Bas, tandis que l’actrice de «Borgen», SidseBabettKnudsen, et le Néerlandais Michael Dudok de Wit, réalisateur de «La Tortue rouge», figurent parmi les jurés. «On sent qu’un paysage qui n’est pas toujours très rose se dessine à travers ces films, celui de la réalité de l’Europe d’aujourd’hui, avec des problématiques sociales et générationnelles», reconnaît Claude-EricPoiroux. Riche en événements, rencontres, débats, films d’école et d’animation, lectures de scénarios de débutants par des acteurs reconnus, Premiers Plans offre aussi une place aux cinéastes reconnus, avec la mission de «faire découvrir l’histoire et le patrimoine du cinéma». L’an dernier, une rétrospective avait été consacrée à Pedro Almodovar et Agnès Varda. Cette année, le cinéaste franco-grec Costa-Gavras, connu pour ses thrillers politiques, et CorneliuPorumboiu, figure du nouveau cinéma roumain des années 2000, seront à l’honneur devant un public dont un tiers a moins de 25 ans. «L’idée est de donner des repères au public en lui montrant les grands noms du cinéma européen. Je ne suis pas sûr que les jeunes aient vu Costa-Gavras sur grand écran», plaide le fondateur du festival, qui exploite aussi le cinéma «Les 400 coups» à Angers. Rappelant que le cinéma «est un métier de rencontres», Claude-EricPoiroux souligne qu’il est «fréquent» qu’un passage ou un prix à Angers «déclenche une acquisition par un exportateur ou un distributeur et donc une sortie en salles dans plusieurs pays».