7.000 pages de documents datés de 2011 à 2015 révèlent des pratiques anti-concurrentielles de Facebook

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Facebook a encouragé des développeurs à concevoir des applications mobiles sur sa plateforme avant de faire pression sur eux pour qu’ils achètent de la publicité sur le réseau social ou lui remettent les données de leurs utilisateurs, d’après des organes de presse.

Un journaliste d’investigation indépendant, Duncan Campbell, a remis à plusieurs médias, dont Computer Weekly (presse informatique) et NBC News (chaîne de télévision américaine), 7.000 pages de documents datés de 2011 à 2015, dont 4.000 de communications internes (emails, présentations, etc). Plus de 1.000 sont estampillées «hautement confidentiel».

«Les documents que nous avons publié révèlent comment Mark Zuckerberg et son équipe de direction ont trouvé des moyens de se servir des données des utilisateurs de Facebook – y compris des informations personnelles sur leurs amis, leurs relations et des photos – pour faire pression sur ses partenaires», a tweeté Duncan Campbell mercredi.

Les documents, mis à disposition sur internet mercredi, proviennent d’un dossier sous scellé d’un tribunal californien, dans le cadre d’une action en justice menée par Six4Three, un ancien éditeur d’application qui accuse Facebook de l’avoir ruiné, comme d’autres éditeurs, en coupant leur accès aux informations personnelles. «Facebook a donné à Amazon un accès privilégié aux données des usagers parce qu’il dépensait beaucoup d’argent en publicité sur le réseau. Mais des rivaux ont été écartés.

Les documents révèlent que l’appli MessageMe s’est vu couper son accès aux données parce qu’elle était devenue trop populaire et faisait de la concurrence à Facebook», indique encore Duncan Campbell. Facebook n’a pas réagi sur cette fuite de documents.

Le géant américain des réseaux sociaux a vu les fronts judiciaires se multiplier aux Etats-Unis depuis cet été, comme d’autres entreprises de la Silicon Valley (Google, Amazon, Apple…). Début juin, la commission judiciaire de la Chambre des représentants a annoncé l’ouverture d’une enquête, soutenue par des élus des deux partis, sur «la concurrence sur le marché numérique». Au niveau fédéral, une vaste investigation sur d’éventuelles pratiques anti-concurrentielles des grands groupes technologiques a été lancée fin juillet par le ministère de la Justice. En parallèle, 45 Etats américains enquêtent depuis octobre sur la gestion des données personnelles et les pratiques commerciales de Facebook.