Bradley BELL, Président de Bell-Phillip Television Productions
Genre à part, les «soaps opera» font partie intégrante du paysage audiovisuel depuis des décennies. A la tête de Bell-Phillip Television Productions, Bradley BELL, Producteur exécutif et showrunner américain, est aux manettes des «Feux de L’Amour» et d’«Amour, Gloire et Beauté». Rencontre.
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Constatez-vous un essoufflement des «soaps» à la télévision ?
Bradley BELL
En dépit de la concurrence et de l’évolution de la consommation télévisuelle, les soaps que nous produisons («Les Feux de L’Amour» et «Amour, Gloire et Beauté») demeurent très puissants dans leur case. Tout comme pour les networks, nous avons vécu un léger essoufflement lié à l’arrivée de nouveaux acteurs comme Netflix. Face à cela, nous essayons de faire en sorte que les spectateurs continuent à être touchés émotionnellement par ce que nous racontons. Nous sommes dans leur foyer chaque jour. Il s’agit d’une relation très intime puisqu’ils prennent du temps pour suivre une série quotidienne, ce qui est assez unique aujourd’hui. Notre public est très fidèle. Ces dernières années, nous avons intégré une jeune génération d’acteurs et de personnages. Notre téléspectateur, même s’il a quatre-vingt ans, reste tout aussi intéressé par les jeunes.
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Comment industrialisez-vous au mieux vos productions ?
Bradley BELL
Sur «Amour, Gloire et Beauté» par exemple, nous fabriquons chaque année 250 épisodes. On se permet régulièrement de tourner en extérieur. Nous disposons d’un gros budget, entre 1,5 et 2 M$ l’épisode de 20 minutes. Contrairement à d’autres séries qui ont vu leur budget baisser face à une diminution de leur nombre de téléspectateurs, nous ne l’avons pas fait. En tant que producteur exécutif, je suis également en charge des scénarios. J’ai une équipe de producteurs et de scénaristes à Los Angeles avec lesquels je travaille depuis très longtemps. Ils sont vraiment très bons dans leur domaine.
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Comment concevez-vous la narration de vos séries ?
Bradley BELL
Je ne crée pas nécessairement d’arcs narratifs pour une saison entière. J’ai tendance à inventer les histoires au fur et à mesure. Comme dans la vie, vous ne savez pas ce que vous allez vivre le lendemain. C’est sans doute une bonne méthode pour un soap. Je crois qu’il est important de se tenir au courant des grandes thématiques sociétales. Nous avons par exemple raconté une histoire d’amour avec un transgenre. Même si cela paraît atypique, nous avons tous les repères de la «love story». J’essaye aussi d’apporter un petit peu d’humour et d’action. Les cliffhangers sont très importants, mais l’essentiel, cela reste la connexion émotionnelle. Susciter une profonde empathie, voilà ce que j’essaie vraiment de faire. Toucher les gens dans leur cœur et dans leur âme. C’est une libération formidable, très saine et aussi très addictive.
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«Amour, Gloire et Beauté» et «Les Feux de L’Amour» sont deux marques pérennes. Projetez-vous de lancer une nouvelle franchise ?
Bradley BELL
J’ai un certain nombre de scénarios de séries sur mon bureau. Chaque année, je me dis que je vais aller les pitcher aux chaînes mais je suis retenu par la centaine d’épisodes à écrire.
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Les «soaps» connaissent-ils une deuxième vie sur des plateformes comme Netflix ou Amazon ?
Bradley BELL
Bien entendu ! Le genre n’est pas rattaché à la télévision traditionnelle. Il y a sincèrement beaucoup de soaps sur Netflix et Amazon… Même si ces plateformes de vidéos à la demande ne les appellent pas ainsi, ce sont bien des «soaps».