F.X. LE RAY (The Trade Desk) : «21 % des utilisateurs prévoient d’annuler leur abonnement SVOD juste après les vacances»

Selon un sondage mené par The Trade Desk, près d’un Français sur deux (48 %) déclare vouloir profiter des vacances de Noël pour regarder encore plus de programmes en streaming. Pourtant, 1 sur 5 devra se limiter, faute de moyens. Détails avec François-Xavier LE RAY, Directeur général de The Trade Desk France.

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Qu’est-ce qui explique la poussée du streaming en cette fin d’année ?

François-Xavier LE RAY

La pandémie a montré que lorsque les gens passent plus de temps à la maison, ils regardent plus la télévision. Beaucoup se sont rendu compte de la quantité de contenus de grande qualité qui existe sur les plateformes.

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Quelle différence observez-vous par rapport à l’année dernière ?

François-Xavier LE RAY

En 2020, avec le confinement, les Français regardaient aussi beaucoup la télévision. En 2021, les gens ont certainement davantage pris conscience qu’on ne peut pas s’abonner à toutes les plateformes. Notre sondage a montré que 21% des utilisateurs prévoient d’annuler leur abonnement juste après les vacances pour économiser de l’argent, et que 26% ont prévu d’activer une option d’essai gratuite pour streamer uniquement pendant les vacances. Avec ce phénomène de «subscription fatigue», je m’attends à ce que le streaming financé par la publicité augmente. Les gens continueront à regarder des contenus sur abonnement, mais en raison des budgets limités, beaucoup se tourneront également vers les contenus gratuits, c’est-à-dire financés par la publicité, pour profiter des films et des séries sans avoir à payer davantage.

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Dans quelle mesure les jeunes consommateurs risquent-ils d’être pénalisés ?

François-Xavier LE RAY

Les 18-24 ans, qui viennent de commencer leur carrière ou qui suivent des études supérieures, ont généralement moins d’argent que les personnes plus avancées dans leur carrière. Pour eux, le coût des abonnements est encore plus élevé. Notre enquête de septembre 2020 a montré qu’une majorité des 18-24 ans n’est pas prête à dépenser plus de 5 € par mois pour des services de streaming (36%) et que 29% ne souhaitent pas dépenser d’argent du tout pour visionner du contenu vidéo. S’il n’existait pas de contenu gratuit, financé par la publicité, ils devraient se priver d’un grand nombre de contenus intéressants, tout simplement parce qu’ils ne pourraient pas se le permettre.

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Quid de la consommation des essais gratuits ?

François-Xavier LE RAY

Bien sûr, les services de streaming attirent les consommateurs avec des essais gratuits. De plus en plus de services arrivent sur le marché européen. C’est le cas de services américains tels que HBO, Peacock, ou encore Paramount. Le choix est de plus en plus vaste, et les consommateurs devront se priver d’une partie de ce contenu de qualité. Néanmoins, pour continuer à profiter de programmes qualitatifs, nous pensons que les consommateurs vont se tourner vers des services financés par la publicité.

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Quelle est la tendance pour le streaming en 2022 ?

François-Xavier LE RAY

Nous prévoyons d’abord une plus grande fragmentation, ainsi qu’une décision plus réfléchie quant au choix de ses abonnements payants. Avec une plus grande attention portée à son budget, les services gratuits ou moins chers en raison de la publicité, bénéficieront de nouveaux utilisateurs – en particulier si la charge publicitaire, c’est-à-dire le nombre de publicités affichées, est suffisamment faible pour ne pas être gênante. De plus, si les publicités sont pertinentes, grâce à des données bien utilisées pour trouver les bonnes audiences avec les bonnes publicités, cela va accroître l’intérêt du téléspectateur. Je vois donc une grande opportunité pour les fournisseurs de services financés par la publicité.