Les NFT investissent le monde du sport

Les NFT investissent le monde du sport

Un dunk de Lebron James vendu plus de 200.000 dollars, une carte Kylian Mbappé partie à plus de 50.000 euros: les NFT, «jetons non fongibles», investissent le monde du sport par le biais des clubs, des sportifs ou de nouveaux acteurs. Tour d’horizon sur ces biens numériques dans le sport.

  • Qui sont les acteurs des NFT dans le sport ? Ce sont surtout «les détenteurs de droits, les clubs» et, parfois, des sportifs eux-mêmes qui s’aventurent dans cette technologie, détaille Magali Tézenas du Montcel, économiste du sport et déléguée générale de Sporsora, association interprofessionnelle opérant dans le développement de l’économie du sport. Seuls les sports avec «suffisamment d’audience» se sont lancés, tel que le football, le rugby, le basket avec la NBA, le tennis ou encore le cyclisme, avec des cartes à collectionner et utilisables en Fantasy League ou encore des «instants» de sport à acquérir (victoire de Wout Van Aert sur le Tour de France dans l’étape du Mont Ventoux, panier décisif de Stephen Curry…). Des acteurs importants de cette technologie comme Sorare, une licorne française de jeu en ligne d’échange de vignettes de footballeurs, valorisée à 3,7 milliards d’euros, sont apparus dans le domaine du sport par le biais de ces biens numériques.
  • Pourquoi cette technologie séduit? Les NFT permettent de créer «une source de revenus supplémentaire» pour ces acteurs, tout en renforçant les liens entre un fan et un athlète ou un club, analyse Patrick Mouratoglou, entraîneur de Serena Williams et depuis peu de Simona Halep, qui a lancé sa collection «The Coach», liant 500 «biens numériques» à des expériences dans la vie réelle à 500 dollars l’unité. Ils peuvent en effet être revendus sur le marché secondaire et «les clubs peuvent toucher des commissions» à chaque transaction «en commercialisant la propriété intellectuelle», explique Thibaut Predhomme, directeur adjoint de Sorare. Il s’agit aussi d’une «nouvelle opportunité» pour le monde sportif dans une «période de crise» économique liée à la pandémie de Covid-19, ajoute Magali Tézenas Du Montcel. «Ce côté virtuel permet (aussi) d’engager des fans éloignés géographiquement du club», d’accentuer cette relation ou d’aller en chercher de nouveaux, précise-t-elle. «Je suis devenu incollable sur le foot japonais», raconte Alexandre Hourcade, joueur Sorare, après avoir découvert ce championnat en un mois de jeu. Ce lien, observe Mouratoglou, est encore plus fort lorsque les NFT possèdent une partie physique comme ceux de la collection «The Coach» où les acquéreurs deviennent «partenaires» et peuvent assister «à des conférences, recevoir des objets dédicacés de joueurs, avoir des séances de coaching…». Les NFT sont enfin utilisés comme vecteur pour «renouveler» la base de spectateurs comme dans le tennis où elle est «extrêmement âgée, il est donc vital d’aller chercher des jeunes et ces nouvelles technologies peuvent ouvrir des portes intéressantes», conclut-il.
  • Qui achète ces NFT «sports»? Deux types de population s’intéressent aux NFT, expose Magali Tézenas Du Montcel: des collectionneurs fans de sports et des spéculateurs «qui n’ont aucun attachement au sport» mais espèrent réaliser une plus-value à la revente. Ils ont généralement entre 25 à 35 ans et sont «majoritairement des hommes» situés «partout dans le monde» avec un pouvoir d’achat certain et un «intérêt pour ces nouvelles technologies», précise-t-elle. Ces biens numériques les plus intéressants dépassent très souvent plusieurs «centaines d’euros», même si ceux de la collection Sorare et NBA Top Shot ont été vendus en moyenne en-dessous de 100 euros la semaine dernière, selon différentes places de marché.

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