Élections européennes: la France annonce la convocation «dans les prochains jours» des plateformes de médias sociaux

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La France redouble de vigilance face aux potentielles ingérences étrangères visant à perturber la campagne électorale européenne, a souligné mercredi le ministre délégué à l’Europe, en annonçant la convocation «dans les prochains jours» des plateformes de médias sociaux.

Jean-Noël Barrot, qui présentait la campagne de communication pour le scrutin du 9 juin prochain, a estimé que «deux éléments pourraient perturber» les élections européennes: une forte abstention et des ingérences étrangères. Pour appeler les citoyens français aux urnes, une vaste campagne de communication démarre sur de nombreux supports, radio, télévision, presse écrite pour rappeler les modalités d’inscription et les enjeux du scrutin. S’agissant des risques de désinformation, le gouvernement a «mis en place un dispositif de vigilance renforcé» via l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, Viginum, a expliqué le ministre.

«En parallèle, j’ai appelé la Commission européenne à exercer des pouvoirs de contrôle et de régulation des grandes plateformes pour qu’elles exigent de leur part d’exercer la plus grande vigilance, pendant la période de campagne, la période de silence et le jour du scrutin», a souligné Jean-Noël Barrot devant la presse. «Et, je les convoquerai dans les prochains jours pour qu’elles puissent nous présenter au niveau français leur action, avec celle de leur régulateur, la Commission européenne et l’Arcom qui est le point contact de la Commission en France pour la surveillance et la régulation des réseaux sociaux», a-t-il expliqué. Le responsable de Viginum, Marc-Antoine Brillant, a souligné que «depuis le milieu des années 2010, pas un seul scrutin majeur dans une démocratie libérale n’a été épargné» par les tentatives de manipulation.

«2024 est une année très particulière (…) avec la persistance de deux conflits majeurs en Ukraine et à Gaza qui, par nature, génèrent énormément de discussions et de bruits sur les réseaux sociaux, et parce que la France aura une exposition toute particulière cet été avec l’accueil des Jeux Olympiques», a-t-il souligné.

Dans ce contexte, le scrutin du 9 juin est «particulièrement attractif pour les acteurs étrangers de la manipulation de l’information». Jean-Noël Barrot, a, lui, cité le cas récent, en septembre dernier, des élections nationales en Slovaquie «gravement perturbées pendant la période de silence par la diffusion d’un faux enregistrement audio incriminant l’un des deux candidats» qui a perdu les élections. Il est difficile d’attribuer la défaite à ce faux enregistrement.

«Mais le simple fait qu’un tel contenu se soit propagé pendant la période de silence jette un voile de doute sur la sincérité du scrutin et donc sur la légitimité de l’élection», a-t-il conclu.