Emma Stone de retour à Cannes dans «Kinds of Kindness» de Yorgos Lanthimos 

Après un rôle à la Frankenstein dans «Pauvres créatures», Emma Stone, 35 ans, est de retour dans l’univers du réalisateur Yorgos Lanthimos, en compétition à Cannes avec un film à sketch moins baroque, mais plus inquiétant. 

Doigt coupé cuisiné aux légumes, retour d’entre les morts ou vidéo sexuelle tournée en groupe, l’enfant terrible du cinéma grec, désormais prisé des studios hollywoodiens, est en lice pour la Palme d’or avec «Kinds of Kindness» et n’a pas fini de vouloir choquer. «Nous poussons toujours les choses à l’extrême», a-t-il déclaré à Cannes. «Mais parfois, la réalité est encore plus folle que celle que vous essayez de créer». 

Ce film à sketches de 02H45, qui sortira le 26 juin en France, est composé de trois histoires indépendantes, liées par la question du libre arbitre dans nos vies. 

Elles ont aussi en commun une inquiétante banalité, où les comportements les plus étranges, comme boire dans une piscine de larmes, s’accompagnent de sourires avenants. 

Il est le dernier fruit de la collaboration artistique entre Lanthimos, 50 ans, et Emma Stone, duo de créateurs dont l’aura a été renforcée par le succès de «La Favorite», avec aussi Olivia Colman, puis de «Pauvres Créatures». 

Ce dernier a remporté le Lion d’Or à Venise et offert un deuxième Oscar à l’actrice de «La La Land». 

Dans ce nouvel opus, Stone est accompagnée du vétéran Willem Dafoe, qui joue tour à tour des rôles de pères spirituels inquiétants, tantôt en costard en haut d’un gratte-ciel, tantôt en slip de bain au bord de la mer, et Margaret Qualley. 

Tous deux jouaient également dans «Pauvres créatures». Les rôles centraux de ces histoires sont confiés à Jesse Plemons («Civil War», «Breaking Bad»), nouveau venu dans le cinéma de Lanthimos qui incarne notamment un homme aux airs de fils idéal, mais manipulé pour tuer, ou un policier dont la femme a disparu dans une expédition océanique, et revient étrangement transformée. 

Le trouble est renforcé par le fait que les acteurs changent peu de costume ou de maquillage d’une histoire à l’autre, même si les personnages sont distincts. 

Lanthimos explique avoir écrit le scénario sur une période de sept ans, et l’avoir tourné alors que «Pauvres créatures» était en post-production. 

En plus des acteurs professionnels, il a pioché dans les professionnels qui l’entouraient, ou des gens qu’il rencontrait. 

«La gynécologue était une serveuse de mon hôtel. J’ai pensé qu’elle serait incroyable et qu’elle avait une présence incroyable», a-t-il raconté. 

Yorgos Lanthimos abandonne dans ce film l’image baroque et les effets visuels qu’il affectionne, pour des décors naturels et une mise en scène sobre. 

Il a refusé d’évoquer son prochain projet, n’en disant qu’un mot, énigmatique: «les abeilles».