Le réseau social X toujours aussi utilisé pour s’informer, même s’il «s’est droitisé»

Malgré le départ d’utilisateurs de gauche et de médias opposés à son propriétaire Elon Musk, le réseau social X est toujours aussi utilisé pour s’informer, même s’il «s’est droitisé», selon un rapport annuel publié mardi. Ces vagues de départ avaient eu lieu après l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis en novembre avec le soutien de Musk, puis après son investiture en janvier.

«Il est frappant de constater que la capacité de X à atteindre le public dans le domaine de l’information ne s’est pas réduite (…) malgré l’exode d’utilisateurs de gauche et de journalistes, dont certains médias de premier plan», écrit l’institut Reuters pour l’étude du journalisme dans son rapport 2025. Cette conclusion se fonde sur des sondages en ligne menés par la société YouGov auprès de 24.000 personnes dans 12 pays (dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni).

Onze pour cent des répondants disent avoir utilisé X pour s’informer la semaine avant le sondage, proportion identique aux années précédentes. Le réseau est derrière Facebook (26%), YouTube (21%), Instagram (16%, le seul en hausse) et WhatsApp(15%). Présentés comme une alternative à X, les réseaux Bluesky, Threads ou Mastodon «n’ont que peu d’impact» dans le domaine de l’information et ne sont cités que par 2% des sondés maximum. «Stable» dans de nombreux pays, l’utilisation de X pour s’informer a même augmenté dans d’autres, dont les Etats-Unis (23% des sondés, +8 points par rapport à 2024). Si son public reste aussi nombreux, il «s’est droitisé», souligne le rapport. Aux Etats-Unis, avant le rachat de X (alors nommé Twitter) par Elon Musk en 2022, les utilisateurs appartenaient «principalement à l’aile progressiste de l’échiquier politique». Après le rachat, «de plus en plus de personnes de droite, notamment des jeunes hommes, ont afflué sur le réseau, tandis que des utilisateurs progressistes l’ont quitté».

En plus du soutien affiché par Musk à «des commentateurs de droite conservatrice», «plusieurs études ont montré que l’algorithme de X met en avant des points de vue de droite (…), ce qui pourrait avoir contribué à ce basculement d’audience», poursuit le rapport. Après l’arrivée au pouvoir de M. Trump, de grands médias à travers le monde avaient annoncé quitter X, ou arrêter d’y poster des contenus, en l’accusant de propager la désinformation. C’était le cas du «Guardian» au Royaume-Uni, de La Vanguardia en Espagne, du Dagens Nyheter en Suède ou du Monde en France. Le rapport conclut que X place les médias d’information face à «un défi»: le quitter en l’assimilant à un «environnement hostile», c’est courir le risque que «le journalisme ne cède un terrain important aux créateurs de contenu et aux influenceurs qui diffusent des opinions non fondées sur des preuves».