Nagui (Banijay Production Média) : «L’imprévu, le rire, le direct : c’est ça, l’ADN d’Intervilles»

«Intervilles» revient sur France 2 à partir du 3 juillet, pour quatre semaines d’émissions en direct chaque jeudi. Nagui, à la fois producteur et animateur, dévoile les coulisses de ce grand retour.

MEDIA +

Qu’est-ce qui a motivé le retour d’Intervilles en 2025 ?

Nagui

Le projet était dans les cartons depuis plusieurs années, mais il a fallu jongler avec plusieurs freins : la crise sanitaire d’abord, puis des contraintes budgétaires liées aux JO de Paris 2024, sans oublier les réductions de subventions aux collectivités. C’est un format qui nécessite de l’engagement local. Certaines villes ont renoncé, d’autres ont redoublé d’ingéniosité. Aujourd’hui, toutes les conditions sont enfin réunies pour le faire revenir avec ambition et modernité.

MEDIA +

Comment les villes partenaires s’impliquent-elles ?

Nagui

Il n’y a aucun échange financier. Les villes prennent en charge l’accueil logistique : installer des gradins, prévoir des toilettes, assurer la sécurité, loger une partie de l’équipe, parfois organiser un peu de communication locale. Certaines fabriquent des t-shirts, prévoient des fanfares… C’est à leur initiative. Mais jamais nous ne leur demandons de financer les épreuves ou le matériel. Nous arrivons avec notre décor, comme un cirque, et on repart aussitôt.

MEDIA +

«Intervilles» revient en direct. Pourquoi ce choix, plus coûteux et risqué ?

Nagui

Parce que c’est plus vivant, plus vrai, et plus excitant. Bien sûr, ça coûte plus cher : il faut démonter et remonter le décor dans chaque ville, tout installer dans l’urgence, gérer la météo, le vent, les imprévus… Mais c’est ce qui donne à l’émission son énergie. France Télévisions nous a soutenus en nous offrant un budget de Prime Time de saison, alors qu’on est en plein été. C’est un vrai signe de confiance. Cette année, six villes ont été sélectionnées après un appel à candidatures. Trois accueilleront les émissions tournées en direct : Beauvais, Gap et Wallers.

MEDIA +

Pourquoi n’y aura-t-il pas de vachette dans cette relance d’«Intervilles» ?

Nagui

Aujourd’hui, ce n’est plus envisageable. Montrez-moi une émission de télévision qui utilise encore des animaux pour faire des jeux en plateau. Ça n’existe plus. On a compris – et c’est tant mieux – que les animaux sont sensibles, qu’ils ressentent des émotions, et que l’environnement d’un plateau de tournage, avec le bruit, les lumières, les effets stroboscopiques, n’est pas fait pour eux. J’ai moi-même vécu un drame à l’époque : une vachette est morte pendant un tournage à L’Isle d’Abeau. Depuis, je ne veux plus revivre ce genre de situation.

MEDIA +

Comment avez-vous recréé leur esprit bon enfant ?

Nagui

On a voulu préserver l’esprit joyeux et imprévisible des vachettes en lui donnant une nouvelle forme. Désormais, c’est une mascotte humaine (dessinée par ZEP, le créateur de Titeuf), un colosse déguisé, qui entre en scène : il bouscule les épreuves, fait vibrer les supporters et déclenche les rires. C’est un vrai concentré de bonne humeur, un géant bienveillant qui électrise l’ambiance.

MEDIA +

Ce choix a pourtant été qualifié de «woke»…

Nagui

On utilise ce mot n’importe comment aujourd’hui. «Woke», ça veut dire éveillé. C’est Martin Luther King qui appelait les gens à être «woke», à être conscients des injustices. Le mot a été détourné pour devenir presque une insulte. Moi, je parle simplement de respect. Et ce n’est pas une raison pour faire courir des animaux dans un décor qui n’est pas le leur.

MEDIA +

La musique emblématique d’«Intervilles» disparaît aussi. Vous l’avez revisitée ?

Nagui

Le nouveau générique a été composé par Dorian Lux, du groupe Ofenbach, qui n’est autre que le petit-fils de Guy Lux. Il a eu l’excellente idée de créer une ambiance de stade, où une guitare rythmée dialogue avec les clameurs d’une foule. C’est entraînant, efficace… et franchement, ça reste en tête. Je pense même qu’il pourrait en faire un single tant ça fonctionne bien !

MEDIA +

Vous n’avez pas pu garder l’original pour des raisons de droits ?

Nagui

Le générique historique, qui était d’ailleurs un morceau de The Citizen’s Band, posait des problèmes d’édition depuis longtemps. Il fallait donc revisiter, à tous les niveaux. Comme on revisite une ratatouille, on revisite «Intervilles»: un nouveau logo, une parité hommes-femmes inédite, six animateurs – du jamais vu -, des épreuves repensées, plus accessibles, notamment le Mur des Champions, où les femmes peuvent désormais concourir à égalité. Et il y aura même une surprise dans le ciel juste avant le mur… mais je n’en dis pas plus.

LES DIRIGEANTS
Nagui
CEO et producteur 

COORDONNEES
141 boulevard
Haussmann
75008 Paris

DATE DE CREATION
1993

PRODUCTIONS

«Intervilles»,

«N’oubliez pas les paroles», «Taratata»…