A. de COURCELLES (BFM Locales) «L’ambition est devenir un média référent pour la population locale»

Avec le lancement d’une nouvelle grille sur BFM Nice Côte d’Azur, les chaînes BFM Locales amorcent une transformation ambitieuse. À la tête du réseau depuis janvier, Arnaud de Courcelles dévoile les contours d’un projet éditorial résolument tourné vers l’ultra-proximité, l’interactivité et le temps long.

MEDIA +

Avec le lancement de la nouvelle grille sur BFM Nice Côte d’Azur, quelles sont les grandes ambitions éditoriales que vous portez pour l’ensemble du réseau des chaînes BFM Locales ?

ARNAUD de COURCELLES

L’ambition est claire : devenir un marqueur important dans les territoires, un média référent pour la population locale, les institutions, les associations, la vie quotidienne. On veut être vraiment intégrés au cœur de la vie locale. D’où cette volonté de retravailler les grilles, à commencer par BFM Nice Côte d’Azur. L’objectif est de créer plus de proximité, plus d’interactions, d’impliquer davantage les habitants. On veut que la population soit actrice de son média local. Notre force, c’est l’ultra-localisation. Là où d’autres font de la régionalisation, nous assumons pleinement de parler de ce qui se passe en bas de chez soi, que ce soit à Nice, Menton ou ailleurs. C’est ce lien avec le quotidien des gens qu’on veut renforcer.

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Vous renforcez le direct avec désormais 5 heures quotidiennes d’information locale : pourquoi ce choix ?

ARNAUD de COURCELLES

Le direct, c’est le pilier numéro un. Quand on porte la marque BFM, cela engage. Le public attend de l’information de qualité, en temps réel. Nous avons donc renforcé notre matinale (3 heures de direct) et notre tranche du soir (2 heures), avec des conducteurs repensés, plus de reportages, plus de chroniques, plus de dynamisme. Mais nous voulons aussi sortir du piège de la multirediffusion qui, par manque de moyens, limitait l’expérience du téléspectateur. L’objectif est d’enrichir la grille avec d’autres piliers : l’info bien sûr, mais aussi les documentaires, les magazines, les délocalisations, le sport. Et tout cela dans une logique d’alternance, de rendez-vous identifiés, pour inciter à revenir plusieurs fois dans la journée sur la chaîne.

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Le développement du sport local à l’antenne, un axe stratégique ?

ARNAUD de COURCELLES

Absolument ! Le sport est pour moi un levier structurant. Il peut changer le regard sur nos chaînes locales. On a commencé à diffuser des compétitions comme le hockey sur glace (Synerglace Ligue Magnus), du sport-boules, et ponctuellement du basket, rink hockey, course auto, saut à la perche, foot féminin… L’idée est de créer des rendez-vous, de fédérer une communauté, de donner envie de revenir. Si quelqu’un vient le matin pour la matinale, puis revient dans la journée pour un documentaire ou un événement sportif, on commence à construire une relation durable avec les téléspectateurs.

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Les chaînes BFM Locales misent également sur l’interactivité…

ARNAUD de COURCELLES

Nous pensons que la population locale a envie de s’exprimer, de poser des questions, de remonter des infos. Encore faut-il créer les bons canaux de communication. Nous avons mis en place plusieurs outils : un numéro WhatsApp, des QR codes, des emails dédiés… Et ça commence à prendre. On a eu, par exemple, des remontées sur un marché à Nice, ou encore sur des travaux signalés par des riverains, qui ont donné lieu à des reportages. Notre objectif, c’est de devenir un acteur de confiance, un média d’accès facile, un peu comme RMC l’a fait avec le 3216. C’est dans l’ADN du groupe : donner la parole aux gens.

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La grille est pensée pour être déclinée sur l’ensemble des 9 antennes. Comment conjuguez-vous harmonisation et spécificités locales?

ARNAUD de COURCELLES

Il y a une base commune à toutes les locales, un socle structuré autour de nos piliers : information, délocalisation, sport, magazines. Mais ensuite, chaque locale doit garder sa personnalité. On a lancé la grille à Nice. On va observer quelques semaines, ajuster si besoin, puis la décliner en l’adaptant à chaque territoire. Il faut respecter les particularités locales.

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Vous misez aussi sur la synergie avec les autres entités du groupe RMC-BFM. Comment cela s’organise-t-il concrètement ?

ARNAUD de COURCELLES

Sur la partie documentaire, nous nous appuyons sur les catalogues existants de RMC Story et RMC Découverte. Ce sont des contenus de qualité, déjà produits, que nous diffusons sur nos chaînes locales, sans coût supplémentaire. Mais nous sommes aussi ouverts à investir dans de nouveaux contenus, si les audiences sont au rendez-vous. On veut se laisser un peu de temps pour mesurer l’impact. Sur le sport, nous travaillons en étroite collaboration avec RMC Sport, et notamment Karim Nedjari (Directeur général RMC). Les négociations de droits se font souvent en duo, ce qui nous rend plus forts. Enfin, je porte également la direction de BFM Business, et je vois un potentiel fort de synergie entre BFM Business et les locales, notamment sur les événements en région. On l’a déjà fait à Lyon avec Global Industrie, ou à Marseille autour de la tech, où l’on va embarquer François Sorel (Tech&Co) pour coanimer un événement local. On a de vraies cartes à jouer.

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À moyen terme, quelle ambition portez-vous pour les chaînes BFM Locales ?

ARNAUD de COURCELLES

Un modèle hybride, à la croisée de l’information locale, du sport, de la société, de l’engagement citoyen. Mais je dirais aussi que les locales doivent devenir un atout stratégique pour le groupe RMC BFM. Aujourd’hui, nous avons un maillage exceptionnel de 180 journalistes dans les territoires. Il faut que cela serve aussi à alimenter BFMTV. On l’a très bien vu lors de l’accident de tramway à Strasbourg: c’est BFM Alsace qui a couvert l’événement pour le national. Ce type de coopération doit se renforcer. Si les locales deviennent un atout éditorial pour le national, elles gagnent en visibilité, et donc en légitimité. Nos chaînes locales s’inscrivent dans la lignée des médias RMC BFM pour lesquels la notion de proximité avec le public est centrale.