MEDIA +
Quelles sont vos priorités avant d’inscrire Tetra Media Fiction dans une nouvelle phase de développement stratégique ?
ANTOINE SZYMALKA
Notre actualité est forte avec la sortie simultanée de deux séries que nous portons depuis longtemps : «Clean» sur M6 et «Anaon» sur Prime Video puis sur France 2, toutes deux diffusées le vendredi 4 avril. C’est un hasard de calendrier, mais un joli symbole : ce sont des séries que nous avons produites sous la direction d’Emmanuel Daucé, mais en étant seuls à la production, et elles sortent précisément au moment où nous prenons officiellement la direction de Tetra Media Fiction.
ALEXANDRE BOYER
C’est une belle transition entre l’ancienne direction et la nouvelle. Par ailleurs, nous sommes en tournage à La Réunion d’une série pour France 2 intitulée «Enchaînés». Ce printemps intense, entre sorties et productions, incarne déjà à sa manière une nouvelle ère pour Tetra Media Fiction.
MEDIA +
Envisagez-vous de faire évoluer la ligne éditoriale de Tetra Media Fiction ?
ALEXANDRE BOYER
Non, nous pensons que notre ligne éditoriale est la bonne – et surtout, qu’elle nous ressemble. Cela fait plusieurs années que nous la suivons. Nous ne ciblons pas un genre ou un format spécifique. Ce que nous cherchons, ce sont des séries que nous aurions envie de regarder en tant que spectateurs, des fictions divertissantes mais porteuses de sens. On reste sur une dynamique éditoriale très ouverte, avec des mini-séries, des séries longues… et même un unitaire en développement, une première pour nous !
MEDIA +
Tetra Media Fiction est connue pour ses séries à fort impact…
ALEXANDRE BOYER
C’est le cas de «Clean» diffusée sur M6. Tout est parti de notre précédente collaboration avec la chaîne sur «Les Espions de la Terreur». Cela a créé une relation de confiance. Nous avions évoqué «Clean» bien avant ce premier projet, mais pour des raisons de droits, cela ne s’était pas fait à l’époque. Lorsque tout s’est aligné, nous avons relancé la série avec les mêmes auteurs : Claire Lemaréchal et Franck Philippon. Avec M6, ça s’est fait de manière fluide. Ils ont exprimé une vraie envie d’élargir leur offre de fiction. On sent une dynamique éditoriale ambitieuse chez eux depuis 2-3 ans, et nous avons eu la chance d’être choisis pour deux projets dans ce cadre.
ANTOINE SZYMALKA
Quant à «Anaon», c’est une aventure de longue haleine : plus de 5 ans entre l’acquisition des droits et la diffusion. C’est aussi un modèle de collaboration inédit, puisqu’il s’agit d’une coproduction avec Prime Video comme premier diffuseur et France 2 comme second. Le développement a été très fluide: pas de conflit de vision, pas de guerre de tranchées. La clé, pour ces deux séries, c’est la clarté de la proposition dès le départ. Les projets ont gardé le même cap du début à la fin. C’est essentiel : quand tout le monde sait pourquoi il est à bord, le navire avance droit, malgré les inévitables tempêtes de production.
MEDIA +
Quelle place accordez-vous aux talents de demain ?
ALEXANDRE BOYER
Une place centrale. Nous avons d’ailleurs produit quatre séries issues de projets de fin d’études de la Fémis Série. À chaque fois, ce sont des premières créations de jeunes auteurs trentenaires. Bastien Dartois par exemple, créateur d’«Anaon», avait à peine 30 ans lorsqu’on a pris les droits. Ce sont des paris, mais aussi des engagements forts. On regrette que des espaces comme OCS ou France TV Slash, qui était un vrai tremplin, soient aujourd’hui plus restreints.
MEDIA +
Quelle est votre stratégie à l’international ?
ANTOINE SZYMALKA
Côté coproduction internationale, on reste ouverts. On a un projet en développement qui pourrait s’y prêter. Mais ce n’est pas une obsession. Le cœur de notre travail, c’est de nourrir l’imaginaire collectif français. Si un sujet appelle naturellement une coproduction internationale, on ira, mais on ne force rien. On adapte aussi nos distributeurs selon les projets. Beaucoup sont portés par ITV, notre maison mère, mais «Anaon» est distribuée par France Télévisions Distribution, et «Paris Police» par Studiocanal. On reste souples.
MEDIA +
Dans un contexte de budgets contraints, comment arbitrez-vous entre exigences artistiques et maîtrise des coûts ?
ALEXANDRE BOYER
C’est le sujet du moment pour toute la profession. Nos dernières séries comme «Anaon», «Clean» ou «Les Espions de la Terreur» ont des ambitions très fortes – historiques, fantastiques, ou espionnage – mais sont produites avec des budgets relativement classiques pour la télévision française. Or, les financements eux n’augmentent pas, voire ont tendance à être revus à la baisse. Il faut donc être inventifs. Dès l’écriture, on réfléchit aux séquences importantes, celles qui justifient un budget plus élevé – nos «morceaux de bravoure». Il faut bien les choisir et ne pas les multiplier. Et bien sûr, composer avec les hausses de salaires, les effets spéciaux, les jours de tournage…
ANTOINE SZYMALKA
Et puis, les spectateurs comparent nos séries à des productions américaines cinq fois plus coûteuses. Il y a donc un vrai défi à maintenir le niveau de qualité. Les outils technologiques ou les réformes de production pourraient jouer un rôle, mais pour l’instant, on avance projet par projet.
LES DIRIGEANTS
A. Szymalka
A. Boyer
Dirigeants
COORDONNEES
60 rue Marcel
Dassault
92100 Boulogne
DATE DE CREATION
2004
PRODUCTIONS
«Clean» (M6), «Anaon» (Prime Video) ; «Les espions de la terreur» (M6)…