Affaire Daval: «Alexia, notre fille» aux éditions Robert Laffont

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Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, les parents d’Alexia Daval, tuée en 2017 par son mari Jonathann, condamné depuis pour meurtre, racontent les «trois années de calvaire» qu’ils ont traversées après ce féminicide dans un ouvrage publié ce jeudi. «Nous savons que Jonathann a tué notre fille, mais nous ne savons toujours pas pourquoi, et nous ne le saurons certainement jamais», déplore Isabelle Fouillot dans «Alexia, notre fille» (éditions Robert Laffont), coécrit avec le producteur Thomas Chagnaud. «Nous devons vivre sans vérité. C’est insupportable», témoigne la mère de la jeune femme, morte à 29 ans. 

Les parents d’Alexia reviennent longuement sur le parcours de leur fille, depuis sa rencontre avec Jonathann Daval, alors qu’elle était âgée de 16 ans, jusqu’à sa mort treize ans plus tard. Ils racontent la relation entretenue avec leur gendre, particulièrement présent dans leur sphère familiale et qu’ils ont «aimé et protégé comme un fils». Ils  se souviennent aussi de leur étonnement sincère lorsque les gendarmes leur ont annoncé l’arrestation de Jonathann Daval : «Vous êtes bien sûrs de ce que vous faites? Vous n’allez pas nous refaire une affaire Grégory ?», les ont-ils alors interrogés. Mais finalement, ils estiment avoir eu affaire à un «manipulateur redoutable» qui s’est joué d’eux «depuis le premier jour», à l’opposé de l’image du «jeune homme fragile et pleurnichant à chaque occasion». Isabelle et Jean-Pierre Fouillot échafaudent deux hypothèses pour expliquer le crime de Jonathann Daval, qu’ils avaient déjà formulées devant la cour d’assises qui le jugeait. «Soit Alexia avait décidé de le quitter, et parce que c’était insupportable pour lui de la perdre, il l’a tuée». Soit, à l’inverse, «Alexia n’a été pour lui qu’un moyen, celui d’entrer dans notre famille, de s’y faire une place, d’être protégé, de se choisir des parents qui l’aimaient, d’avoir une maison, une voiture, une vie qu’il n’aurait jamais eues sans nous; et, ayant tout obtenu, il s’est débarrassé d’elle». 

Ils disent surtout leur souffrance d’avoir vu la défense de Jonathann Daval présenter publiquement Alexia comme une femme à la «personnalité écrasante», sujette à des «crises» et des «accès de violences extrêmement importants». «Ces mots me transpercent comme autant de poignards», écrit Isabelle Fouillot. Le couple évoque également la «pression des médias», et la ville «envahie de journalistes». «J’avais l’impression de vivre sous le regard de tout le monde, de ne plus avoir le droit de bouger», assure Mme Fouillot, qui décrit la «machine folle de l’information en continue», tout en citant la «belle rencontre» ou la «relation de confiance» tissée avec des journalistes de BFMTV. Le corps en partie calciné d’Alexia Daval avait été retrouvé en octobre 2017 dans un bois près de son domicile de Gray-la-Ville (Haute-Saône), deux jours après que son mari Jonathann eut signalé sa disparition. 

Après avoir montré le visage d’un veuf éploré pendant trois mois, l’informaticien avait été confondu par les enquêteurs de la gendarmerie au terme d’investigations minutieuses. Il a reconnu le meurtre de sa femme et a été condamné à 25 ans de réclusion par la cour d’assises de la Haute-Saône, en novembre 2020. Son avocat, Me Randall Schwerdorffer, a également livré son récit et son analyse de l’affaire dans un ouvrage co-écrit avec le journaliste Frédéric Gilbert, paru le 14 octobre aux éditions Hugo Doc.