S. FARAHMAND (Newen) : « «Ici tout commence» réunit toutes les générations devant la télévision »

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Produit par Newen, le feuilleton quotidien «Ici tout commence» souffle aujourd’hui sa première bougie sur TF1. En l’espace de douze mois, la chaîne a su créer un nouveau rendez-vous quotidien pour 4 millions de téléspectateurs, dans une case particulièrement concurrencée en Access Prime Time. La saga a permis une augmentation de 45% sur les individus 4+, et 53% sur les FRDA-50 ans. Comment ce feuilleton a-t-il renouvelé le genre ? Quels sont aujourd’hui les enjeux en matière de production ? Entretien avec Sarah FARAHMAND, Productrice de «Ici tout commence» (Newen).

«Ici tout commence» fête sa 1ère année d’exploitation sur TF1. Comment analysez-vous le phénomène ?

Nous avons immédiatement trouvé notre public. Il ne cesse de grandir depuis. C’est une chance extraordinaire car un succès pareil n’arrive pas tous les jours. Il s’agit d’une réussite en matière d’audience, mais aussi en termes de fidélité. On voit à quel point le public est attaché à la série. Nous touchons toutes les générations. La composition du public est éclectique et progresse très fortement, notamment sur les cibles jeunes. Depuis son lancement, la moyenne de la case est de 25% sur les 25-49 ans (+67% en 1 an), 27% sur les 15-34 ans (+80%) et de 23% sur les 4 ans et plus (+64%). La série réunit toutes les générations devant la télévision.

Pourtant diffusée à 18h35, «Ici tout commence» réalise des performances toutes aussi fortes que «Demain nous appartient» programmée à 19h10. Comment l’expliquez-vous ?

Nos deux feuilletons sont très complémentaires. On se challenge mutuellement. En installant «Ici tout commence» sur une tranche horaire avec un «Total TV» moins important, nous pensions en effet réunir moins de téléspectateurs. Force est de constater, que le public répond présent. Déjà 44,7 millions de Français ont été en contact avec le feuilleton à date sur 2021, avec une moyenne hebdomadaire de 8,2 millions de téléspectateurs en contact sur l’année. Nous enregistrons également des hauts niveaux de replay (430.000 téléspectateurs/épisode, ndlr). Enfin, d’un point de vue éditorial, nous ne marchons pas sur les plates-bandes de «Demain nous appartient» dont les intrigues sont tournées vers le polar, ce qui n’est pas le cas d’«Ici tout commence».  

Comment expliquez-vous concrètement ce succès ?

L’ADN de la série repose sur un environnement singulier, une école de cuisine. Ce lieu unique est un personnage à part entière de la série. Cela nous différencie des autres rendez-vous quotidiens de fiction. Mettre en perspective une école de cuisine s’avère donc très fédérateur et intergénérationnel. Les gens s’y retrouvent. C’est l’une des clés du succès. Nous avons aussi des personnages très caractérisés avec des psychologies, des névroses, des secrets de famille et des histoires d’amour très intenses. A nouveau, comme nous n’avons pas de polar, nous devons faire émerger des histoires de personnages, sans faire intervenir d’événements extérieurs. A ce titre, nous n’avons pas de personnages «fonction». Ils ont tous des rôles capitaux. Il est donc très intéressant pour des comédiens de venir jouer au service de leur personnage.  

Comment comptez-vous renouveler «Ici tout commence» ?

Le renouveau est assez naturel. Il est propre à chaque saison puisqu’il y a des élèves diplômés qui partent, et d’autres qui arrivent. Nous allons également en faire redoubler certains, et d’autres deviendront des profs.

Des évolutions à venir sur le plateau ou le décor ?

Nous travaillons dans le petit village de Saint-Laurent-d’Aigouze, dans un domaine de 39.500 m2. Dans cet espace, 3.800 m2 de décors ont été installés dans et autour du Château de Calvière. Ce ne sont que des décors naturels, nous n’avons pas de studios. Nous sommes très satisfaits de notre environnement. Ce qui ne nous empêche pas de construire des sous-décors (il y en a actuellement 50). Nous l’avons fait l’été dernier en créant un nouveau restaurant éphémère dans le parc du Château.  

Quelle est votre méthodologie d’écriture ?

Nous travaillons avec 33 scénaristes sous la tutelle d’Éric Fuhrer, notre directeur de collection qui supervise toutes les étapes. Il y a d’abord un premier trio de scénaristes qui écrit les arches avec des histoires développées sur une quinzaine de pages. Une fois validées par la production et TF1, elles passent en séquencier. Pour cette étape, 6 auteurs et 1 directeur écrivent chaque semaine en binôme ou en trio, 5 épisodes. Les auteurs travaillent en atelier 3 jours/semaine, et 2 jours chez eux. Chaque vendredi, les séquenciers sont à nouveau lus par la production et TF1. Ils basculent à l’équipe «dialogues» composée de 5 auteurs qui écrivent chacun d’eux une V1 d’un épisode dialogué. Deux chefs de dialogues développent ensuite une V2 avec des intrigues. Cette V2 est finalement validée par Newen et TF1, et part ensuite sur le plateau.

Quel rythme vous imposez-vous sur le tournage ?

1 épisode de 26’ est fabriqué par jour, à l’écriture, en tournage et à la post-production. En plateau, nous tournons 10 épisodes en 10 jours en crossboardant les séquences. Deux équipes de tournage fonctionnent en parallèle (environ 20 réalisateurs travaillent sur la série, ndlr). Chaque semaine, nous devons post-produire 5 épisodes. Entre le «montage images» qui est la première étape, et la diffusion, 1 mois s’écoule.

Quelles sont vos ambitions stratégiques autour de la série ? Continuez à faire ces bonnes audiences et réussir à surprendre le public. Parvenir à lui donner ce dont il a envie, et qu’il n’a pas envisagé sur les personnages. Nous voulons garder nos fidèles et séduire un nouveau public. En deux épisodes, les nouveaux téléspectateurs peuvent facilement adhérer. Il y a 3 intrigues par épisodes. Le temps des arches varie entre 2 et 4 semaines. Si le public ne connaît pas la série ni les personnages, nous lui donnons les informations essentielles pour rentrer dedans, et capter les enjeux. Le vrai challenge en saison 2 et encore plus en saison 3 est d’être à la hauteur du lancement. Sur notre politique de guests dans la série, on en intègre seulement 1 ou 2 par an.