Amazon France: le bilan social du géant du e-commerce épinglé dans un rapport indépendant

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«Précarisation de la rémunération», «parité injuste», «intensification de la charge de travail»: à la suite du bilan social 2020 d’Amazon en France, le géant du e-commerce est épinglé dans un rapport indépendant qui redoute la volonté du groupe de «ne conserver à terme que des postes» pénibles. «L’amélioration des conditions de travail devra être un des défis majeurs» des années à venir, prévient le cabinet Progexa, missionné par le CSE central d’Amazon France Logistique.
«Les critiques attaquent Amazon sur de nombreux sujets et nous sommes devenus une cible pour certaines organisations qui souhaitent faire connaître leurs causes», a déploré le groupe dans un communiqué. «Si ce rapport adopte systématiquement une position critique, force est de constater que les auteurs eux-mêmes observent des évolutions positives, par exemple avec des augmentations de salaires supérieures au taux d’inflation, une augmentation forte du nombre d’employés en CDI, une parité quasi parfaite…», a-til néanmoins estimé.
L’étude cible toute une série d’entorses sociales qui n’incitent pas les salariés à s’éterniser chez Amazon. Comme pour le rapport publié en 2021 et portant sur 2019, Progexa déplore des échanges compliqués avec la direction pour rédiger celui daté de décembre 2021. Il explique cette «désorganisation» par un taux élevé de remplacement chez les cadres. Selon le cabinet, la part de rémunération variable est également passée de 11 à 18% en deux ans pour les ouvriers, contre 13% pour les cadres, et témoigne d’une «précarisation de la rémunération». Et si la rémunération globale a augmenté en moyenne de 4% entre 2019 et 2020, l’appréciation atteint seulement 1,6% pour les salariés dont la carrière n’a pas évolué, contre 5 à 10% pour les employés les plus récents. Progexa dénonce également une «parité injuste».
Alors qu’Amazon emploie 47% de femmes, seulement 27% d’entre elles ont changé de classification en 2020 et 26% ont connu une mutation géographique.En matière d’absentéisme, alors que respectivement 23% et 24% des départs ces 5 dernières années résultent de démissions et licenciements, 4 des 8 sites dépassait le «seuil d’alerte» de 8% en 2020, avec des pointes à 11,6% pour Lauwin-Planque ou 10,1% pour Montélimar.
La direction justifie «trop souvent» l’absentéisme par les «mauvais comportements» des salariés, écrivent les auteurs, selon lesquelles la prévention de risques psychosociaux (RPS) «encore insuffisamment pris en compte», est «bien souvent» inexistante. Dans ce contexte, si les ouvertures d’entrepôts continuent de gonfler les effectifs globaux, ceux de certains sites historiques baissent et «ravivent» l’inquiétude du personnel.
«Cette organisation peut avoir comme effet l’intensification de la charge de travail à la fois mentale et physique. (…) Les temps morts n’existent plus», poursuit Progexa qui prête à la direction d’Amazon la volonté «de ne conserver à terme que des postes comprenant de la pénibilité» et lui conseille de solliciter l’aide «précieuse» des représentants du personnel.