Amenées à disparaître de la TNT fin février, C8 et NRJ12 ont décidé de riposter: les deux chaînes ont saisi le Conseil d’Etat pour contester le non-renouvellement de leurs fréquences en 2025. En juillet, l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, a dévoilé la liste des candidatures retenues pour la réattribution de 15 fréquences télé en 2025, provoquant une déflagration dans le PAF. Celle de C8, qui cumule 7,6 millions d’euros d’amende en raison des dérapages de son animateur vedette Cyril Hanouna, et celle de NRJ12, aux audiences faibles et programmant essentiellement des rediffusions, n’y figurent pas, devant ainsi cesser d’émettre après le 28 février 2025. Deux nouveaux venus ont été préférés: OFTV (groupe Ouest France) et RéelsTV (CMI Média, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky). Les chaînes toujours en lice n’obtiendront leur autorisation d’émettre qu’après avoir signé de nouvelles conventions avec le régulateur, d’ici à la fin de l’année. Mais NRJ12 et son propriétaire NRJ Group ont préféré prendre les devants, annonçant mercredi avoir saisi le Conseil d’Etat pour contester la décision de l’Arcom. C8 leur a emboité le pas jeudi, invoquant une situation «particulière au regard des enjeux économiques, sociaux et concurrentiels engendrés (…) pour une chaîne de télévision existante (…) depuis près de 20 ans», selon un communiqué de son propriétaire Canal+, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, via le groupe Vivendi. «La décision de l’Arcom de non-présélection de C8 fait bien grief à la chaîne et présente un caractère irréversible en excluant C8 de la phase de négociation des conventions avec l’Arcom», estime Canal+, dénonçant une mesure «disproportionnée» et «inédite dans l’histoire de la TNT, depuis sa création en 2005». Pour la filiale de Vivendi, C8 subit «au moins 3 profondes injustices». «Il apparaît évident que l’Arcom a surtout entendu sanctionner la chaîne en raison de ses «manquements» liés à l’émission «TPMP)» de Cyril Hanouna, estime-t-elle. Or, le régulateur «a déjà sanctionné lourdement C8 pour ce motif et rien ne l’autorisait à la réprimer à nouveau», d’autant que la chaîne avait proposé en juillet de diffuser «TPMP» avec un différé allant jusqu’à 45’, rappelle-t-elle. Canal+, qui conservera six autres fréquences TNT (Canal+, CNews, CStar et trois chaînes thématiques), reproche en outre à l’Arcom d’avoir redéfini «à sa guise la notion «d’intérêt du public»», qui constitue le critère primordial d’attribution des fréquences». C8 réunit plus de 9 millions de téléspectateurs quotidiens et revendique le statut de 1ère chaîne de la TNT (hors chaînes historiques), avec 2,9% de pda en moyenne en 2024, devant TMC (2,8%). «Enfin, il ne serait pas acceptable que C8 ne puisse pas demander au Conseil d’État d’empêcher une atteinte aussi massive et disproportionnée à l’existence même de l’entreprise», qui compte 300 salariés. De nombreuses personnalités et dirigeants des médias de la sphère Bolloré sont montées au créneau depuis juillet pour dénoncer la disparition annoncée de C8 de la TNT, même si la chaîne pourrait en théorie subsister sur d’autres canaux, notamment sur internet. Accusant l’Arcom de harcèlement, Cyril Hanouna a annoncé vouloir saisir la justice. Le régulateur a fait d’autres mécontents. La webtélé de gauche radicale Le Média, candidat malheureux à une fréquence, a également engagé un «recours» auprès du Conseil d’Etat. Le renouvellement des fréquences a agité la sphère politique. Le député LFI Aurélien Saintoul, rapporteur d’une commission d’enquête sur la TNT, avait notamment déploré en juillet que l’Arcom ait retenu la candidature de CNews, accusée par de nombreux politiques de gauche de promouvoir des idées d’extrême droite, ce qu’elle conteste. La TNT, lancée en 2005 en métropole, structure encore largement le paysage audiovisuel français et reste l’unique mode de réception de la télévision pour près de 20% des foyers équipés d’un poste.
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