Baisse des crédits : France Télévisions risque de revoir ses «engagements et obligations»

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Le conseil d’administration de France Télévisions a prévenu jeudi que la baisse d’environ 50 millions d’euros des crédits du groupe public décidée par le gouvernement risquait de contraindre l’entreprise à revoir ses «engagements et obligations». «La confirmation de ces diminutions (de crédits, ndlr) à l’issue de la discussion de la loi de finances constituerait une remise en cause du contrat d’objectifs et de moyens signé en décembre 2016 et impliquerait le réexamen approfondi des engagements et obligations de France Télévisions», a prévenu le groupe public, dans un communiqué publié à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire. «Le conseil d’administration de France Télévisions engage dès à présent une réflexion stratégique au travers de ses comités stratégique et d’audit pour instruire et anticiper les conséquences de cette situation sur le court et le moyen terme», a ajouté le groupe, sans préciser les pistes envisagées. Mercredi, la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait confirmé une baisse globale des crédits de l’audiovisuel public. Et c’est France Télévisions qui doit supporter l’essentiel de ces coupes budgétaires, avec une baisse de 29,8 millions en 2018 par rapport à 2017, selon le ministère. Mais la note est encore plus salée, autour de 50 millions d’euros, par rapport à la trajectoire prévue par le contrat d’objectif et de moyens (COM) signé par le groupe fin 2016 avec l’ancien gouvernement, qui aurait dû conduire à une hausse régulière de ses ressources. «Les annonces concernant France Télévisions se traduisent par une diminution de 47,8 millions d’euros par rapport à la prévision 2018 du contrat d’objectifs et de moyens, et de 55,6 millions d’euros par rapport au budget 2017», a précisé le groupe dans son communiqué. En outre, la ministre de la Culture a fermé mercredi la porte à un retour de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions, une solution prônée par sa patronne Delphine Ernotte pour compenser la baisse des crédits publics. Face à cette situation, Mme Ernotte avait déjà prévenu en début de semaine qu’elle risquait d’être contrainte de tailler dans les programmes du groupe, contrairement aux engagements pris par France Télévisions. Dans le cadre de son COM, France Télévisions s’était notamment engagé à réduire ses coûts et à porter à 420 millions d’euros par an ses investissements dans la production de programmes originaux, le tout «dans le cadre d’une exploitation équilibrée». De leur côté, les syndicats CGT, CFDT et FO de France Télévisions ont estimé que «la situation nécessite une réaction de grande ampleur» et appelé les salariés du groupe «à se préparer à la mobilisation dans l’unité la plus large», selon une déclaration commune publiée jeudi. Ces syndicats jugent que «compte tenu de l’obligation d’avoir des comptes à l’équilibre et en l’absence de ressources additionnelles, cette décision (de baisse des crédits, NDLR), si elle s’appliquait, aurait des conséquences dramatiques pour le financement, l’emploi et les missions du service public». Les élus du personnel du groupe public avaient déjà protesté mercredi contre ces coupes budgétaires, en adoptant à l’unanimité le déclenchement d’une procédure d’alerte interne.