Benjamin Tranié, l’humoriste à la kyrielle de personnages

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Pour certains, il est le beauf qu’on adore moquer. Pour d’autres, le désopilant maire de Mouroux: humoriste à la galaxie de personnages, Benjamin Tranié s’est fait sa place (à part) au sein de cette scène hyper-concurrentielle. «Félicitations et tout et tout», son second spectacle, se joue à guichets fermés à Paris jusqu’à la fin mars. Pour ceux qui n’ont pas été assez rapides, l’humoriste de 35 ans sera de retour dans la capitale… en janvier 2025. Avant ça, il est attendu dans toute la France (Lorient, Lille, Nîmes, Marseille…), où la plupart des dates sont déjà complètes. «C’est vrai que c’est un peu incroyable», dit-il. Casquette rose bonbon sur la tête, veste cintrée et sourire discret aux lèvres: à la ville, il est l’opposé de son double, sur scène, roublard à l’humour gras et grivois assumé. Né à Coulommiers, en grande couronne parisienne, Benjamin Tranié fait ses armes dans l’humour depuis 2016. C’est l’humoriste Yassine Belattar – alors en pleine ascension avant de devenir controversé – qui lui tend la main et l’invite dans l’émission «Les trente glorieuses» sur Radio Nova. Les débuts sont difficiles. Avec Zaïd Sahebdin, son co-auteur et ami dans la vie, il décide de filmer ses chroniques pour les diffuser sur YouTube. Certaines d’entre elles dépassent le million de vues. Son personnage de beauf malfaisant lui garantit le succès. «Si j’avais fait un bobo à Nova, les gens auraient dit: «ben c’est notre collègue»», explique-t-il. «Il fallait que je fasse l’extrême opposé de ce qui traînait dans les couloirs à Nova. Et, du coup, un mec à nuque longue et en santiags, je me suis dit que c’est le truc qui allait déranger les gens avec qui je bosse». Ce personnage, qui est à l’opposé de lui (comme il le précise), Benjamin Tranié le traine encore, notamment sur France Inter, où il officie depuis 2022. Sa chronique dans l’émission «Zoom Zoom Zen» cumule 300.000 écoutes par mois en podcast, selon des chiffres communiqués par la station. Très vite, pourtant, il comprend qu’il faut s’en détacher: «Dans la rue, les gens m’arrêtaient et ne comprenaient pas pourquoi je parlais pas comme le beauf. Y avait de la déception dans leur regard», raconte-t-il. Pire, l’humoriste craint d’être cantonné ad vitam æternam dans ce rôle. Alors, «avec Zaïd, on a rétropédalé et on en a imaginé d’autres», poursuit-il.

Son nouveau spectacle fait place à une foultitude de personnages. Tous sont des participants à un mariage. Dont celui de Philippe, une star du petit écran déjà marié à huit reprises, et de Tiffany, sa compagne de 35 ans sa cadette. Du père de la mariée lourdingue au photographe gérontophile, l’humour est gras et imagé. Dans la salle, le public, presque sans exception, esquisse une grimace avant d’exploser de rire. Benjamin Tranié a «réhabilité le personnage», longtemps considéré comme «ringard» sur la scène humoristique, qui lui a préféré le récit de soi, assure Guillaume Meurice, qui officie aussi sur France Inter. «Au fond de moi, je suis un peu mal à l’aise. Je me dis «wow, c’est horrible» mais les gens rigolent tellement qu’au final, je me dis qu’on est tous en train de vivre un moment très bizarre et c’est très agréable comme sensation», confie Benjamin Tranié. Très imagé, son langage pourrait en laisser quelques-uns sur le carreau. Un effet qu’il a sciemment cherché… dans le but (initial) de ne pas choquer ses parents, qui ne voyaient pas d’un très bon oeil ce choix de carrière, trop précaire. «Pendant longtemps, je me disais: une chronique réussie, c’est une chronique que mes parents ne comprennent pas», lance-t-il, amusé.