La direction des études, des statistiques et de la prospective du CNC a publié un baromètre trimestriel CNC-GfK autour du marché de la vidéo physique. Afin de bien saisir les évolutions du secteur, média+ s’est entretenu avec Benoît DANARD, Directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC.
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Entre janvier et septembre 2013, vous observez un recul du marché de la vidéo physique (-15,5% en valeur, -13,8% en volume). Avez-vous une explication concrète à cela ?
Benoît DANARD
Plusieurs raisons expliquent ce recul du marché de la vidéo physique entre janvier et septembre 2013. Tout d’abord, il existe un contexte économique qui n’est pas favorable aux dépenses. Les ménages sont attentifs à ce qu’ils achètent et cela crée un impact sur le marché de la vidéo physique. Il existe ensuite un deuxième phénomène lié à la piraterie. Enfin, il y a clairement un problème lié à l’offre de films, moins attractifs ces derniers mois. Les longs métrages en salle ont rencontré moins de succès et cela se répercute non seulement sur le marché de la VOD mais également sur celui de la vidéo physique. L’addition de ces différents phénomènes provoque une baisse du chiffre d’affaires des ventes de DVD et de Blu-ray en France qui est de 604,92 M€.
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L’érosion du marché du DVD n’est pourtant pas nouveau…
Benoît DANARD
Le marché de la vidéo est arrivé a maturité depuis quelques années. L’équipement en lecteurs DVD s’est répandu dans quasiment tous les foyers français. A ce jour, nous sommes dans une phase où le consommateur enrichit sa vidéothèque. Le rythme d’achat est forcément plus limité. Au cours des trois premiers trimestres 2013, le cinéma français génère 81,14 M€ de recettes (en diminution de 34,3% par rapport à 2012, ndlr). Il convient de rappeler que le troisième trimestre 2012 avait été dynamisé par le succès en vidéo de «Intouchables». Du coup, en 2013, nous ne retrouvons pas ce phénomène.
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Les autres DVD (documentaires, humours, fictions tv…) sont-ils impactés par la télévision de rattrapage ?
Benoît DANARD
Oui, il y a un effet lié à la télévision de rattrapage qui est aujourd’hui bien présente. Les recettes de la fiction TV représentent plus de la moitié de l’ensemble du chiffre d’affaires du «hors film» en vidéo physique (60,8% entre janvier et septembre 2013). Les recettes de la fiction française en DVD diminuent de 11,1% par rapport aux neuf premiers mois de 2012. Les recettes des programmes documentaires diminuent de 17,3%, celles du segment humour de 17,2%, la musique de 14,4%, etc.
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L’issue est-elle fatale pour le marché du DVD et du Blu-ray ?
Benoît DANARD
Nous pouvons espérer que le marché de la vidéo physique se stabilise. A l’étranger, le secteur ne subit pas de telles baisses. Cela signifie qu’il n’y a pas de fatalité. Cependant, il y aura sans doute un équilibre à trouver entre le dématérialisé (VOD, VAD,…) et la vidéo physique.