BFMTV/ affaire Rachid M’Barki: une officine israélienne en cause

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L’affaire Rachid M’Barki, présentateur de BFMTV mis en cause pour des sujets orientés, est liée à une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne, a révélé mercredi un collectif de journalistes d’investigation. «BFM est victime dans cette histoire, quand l’un des nôtres court-circuite la chaîne hiérarchique, ça pose problème», a réagi mercredi le DG de la chaîne info, Marc-Olivier Fogiel, sur France Inter, après avoir diligenté une enquête interne en janvier et suspendu le journaliste de 54 ans. Selon l’enquête du collectif de journalistes Forbidden Stories, auquel ont contribué pour la France la cellule investigation de Radio France et «Le Monde», cette affaire est une petite partie d’une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne, qui vendrait ses services dans le monde entier. Cette société, sans existence légale, surnommée «Team Jorge» par les journalistes en raison du pseudonyme d’un de ses responsables, Tal Hanan, est composée d’anciens membres des services de sécurité israéliens, selon les révélations du collectif, diffusées par trente médias internationaux. Trois membres de Forbidden Stories, un journaliste de Radio France, un du quotidien israélien «Haaretz» et un autre du journal israélien «The Marker», se sont fait passer pour des clients potentiels pour recueillir pendant plusieurs mois des informations sur la «Team Jorge». Son responsable leur a affirmé, démonstration à l’appui, pouvoir créer automatiquement de faux comptes en ligne, générer automatiquement du contenu sur les réseaux sociaux ou pirater des emails ou des comptes Telegram, pour influencer des campagnes électorales notamment. Le volet de l’affaire qui concerne BFMTV porte sur des brèves diffusées dans le cadre du journal de la nuit présenté par Rachid M’Barki. Ces brèves avaient trait aux oligarques russes, au Qatar, au Soudan, au Cameroun, ou encore au Sahara occidental et auraient été «fournies clés en main pour le compte de clients étrangers», selon le consortium d’investigation. La 1ère chaîne d’information de France avait ouvert en janvier une enquête interne en raison de soupçons visant Rachid M’Barki. Ses conclusions ne sont pas encore connues. Selon M. Fogiel, le présentateur «s’arrangeait pour demander (des) images en dernière minute» pour illustrer des brèves, «une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l’ensemble de son journal». «La rédaction est choquée et secouée mais continue de faire son travail avec la même rigueur», a commenté la SDJ de BFMTV. Elle a déploré «l’activisme toujours plus intense des entreprises de désinformation qui créent le flou et gâchent la confiance des gens dans les médias». Interrogé début février par le site Politico, qui avait dévoilé sa mise en cause, M. M’Barki avait admis  avoir «utilisé des infos qui (lui) venaient d’informateurs» et qui n’ont «pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction». «Elles étaient toutes réelles et vérifiées (…) Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait», poursuivait-il. «Je garde la tête haute!», a également assuré le journaliste d’origine marocaine dans un message posté vendredi sur le réseau social Instagram. Rachid M’Barki est l’un des visages historiques de BFMTV. Le 21 mars 2012, il avait annoncé à tort à l’antenne l’arrestation du terroriste islamiste Mohammed Merah, retranché dans son appartement toulousain et cerné par le Raid après ses attentats. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Claude Guéant, avait démenti cette affirmation, suivi un peu plus tard par la chaîne elle-même. Rachid M’Barki présente par ailleurs sur RMC Story l’émission «Faites entrer l’accusé», consacrée aux faits divers.